Financement de l’Université du futur africain : Près de 25 milliards enterrés

par Dakar Matin

Les détails de la gestion financière des chantiers de l’Université du futur africain ne seront jamais connus. Alors que près de 25 milliards F Cfa ont été investis dans ce projet mort-né, laissé à l’abandon, plus de 15 ans après son lancement.

L’Université du futur africain (Ufa) ne verra jamais le jour. Son budget officiel, chiffré à 24 milliards 51 millions 387 mille 990 francs Cfa, provient de diverses sources de financement. En effet, la disponibilité d’une enveloppe financière de 15 millions 910 mille 366 dollars Us (environ 8 milliards) tirés des Fonds taïwanais, dans le cadre de la Convention quinquennale (2001-2005) entre le Sénégal et Taiwan, a été mise à profit pour démarrer le projet.

Le 8 août 2005, le gouvernement avait reçu des mains de l’ambassadeur de Taiwan à Dakar un chèque représentant le financement du projet pour l’année 2005. Ministre des Affaires étrangères d’alors, Cheikh Tidiane Gadio avait facilité l’adhésion de la Chine au financement de l’Ufa. Après la rupture des relations avec Taipei. Mais jusqu’ici, on ne connaît pas la valeur de la contribution financière de l’Empire du milieu. Gadio n’a pas voulu répondre à nos appels pour éclairer le rôle de la Chine dans le financement de ce mégaprojet de Wade.

D’après le rapport 2014 de l’Inspection générale d’Etat (Ige), il y a eu un «défaut de textes législatifs et réglementaires» portant création de l’Ufa. Même avec le décret n° 426 en date du 30 janvier 2003 portant nomination d’un chargé de mission à la présidence de la République, en l’occurrence Papa Mohamed Camara, coordonnateur de l’Ufa. Malgré tout, l’Ige avait relevé «l’inexistence d’un personnel spécialement affecté à l’organisation administrative, à la gestion comptable et à la coordination des activités de l’Ufa».


Par ailleurs, les vérificateurs de l’Ige avaient aussi constaté que «toutes les opérations financières ont été menées dans l’ignorance totale des règles qui régissent la commande publique». De plus, ont-ils déploré, «les études architecturales ainsi que les travaux de construction ont été attribués par entente directe, sans concurrence, en dehors des procédures d’appel d’offres prévues en la matière». Pour l’Ige, «le recours abusif aux dispositions dérogatoires du décret n° 97-632 du 18 juin 1997 portant réglementation des marchés du Pcrpe a impacté négativement les procédures de sélection du cabinet d’architecture Atépa, de l’entreprise Zakhem constructions pour la construction des ouvrages et du Bureau Veritas chargé du contrôle technique des mêmes ouvrages. Les autorités du Pcrpe, au moment de la signature de l’avenant n° 1 du 24 juin 2002 avec le cabinet Atépa et du contrat du 2 novembre 2002 avec le Bureau Veritas n’ont pas tenu compte des dispositions du décret n° 2002-550 du 30 mai 2002 portant Code des marchés publics, alors en vigueur».


A l’époque, Pierre Goudiaby Atépa avait organisé une conférence de presse pour battre en brèche les arguments de l’Ige. Contacté, l’architecte n’a pas répondu à nos appels et messages. Dans un communiqué publié au lendemain de la publication des rapports de l’Ige, Atépa relevait que le contrat de base ne concernait que les études architecturales, fixées sur la base d’un taux de 5% du montant provisoirement évalué des travaux. Le cabinet Atépa s’est vu confier par la suite les études techniques, le contrôle et la surveillance du chantier. Sur un montant provisoire des travaux arrêté à 14 milliards, l’architecte aurait reçu 1,4 milliard, soit 10%. Atépa souligne avoir juridiquement le droit de réclamer 3 milliards, car au final le coût global du projet a été évalué à 30 milliards.


Le régime de Wade n’a jamais éclairé les Sénégalais sur la gestion des travaux de cette université qui est restée en l’état de chantiers. Idem pour le régime de Macky Sall qui n’a pas voulu poursuivre l’œuvre de son prédécesseur.

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