`Discret mais rusé, Mahmoud Saleh est considéré comme la matière grise du Président de la République sur le plan politique depuis 2009. Ce, même s’il est accusé de « comploteur » par ses détracteurs. Retour sur le parcours politique du trotskyste politiquement contesté par ses camarades de parti.
Mahmout Saleh a des origines libanaises mais il est né au Sénégal. « Il est un Saleh de Dahra mais sa mère est de Mbour. Il a vécu à Saint-Louis où il a été éduqué dans les valeurs sociétales de l’ancienne capitale.
En bon Saint-Louisien, il est un homme très courtois et cultivé » a révélé d’emblée Elimane Racine Sy avec qui il a cheminé depuis les années 1990. Selon notre interlocuteur, l’actuel directeur de cabinet politique du Président Macky Sall a taquiné la politique dans les années 70 alors qu’il fut étudiant à bordeaux. « Il a milité à l’Association Générale des Etudiants Sénégalais (Fean) en France, pour ensuite au début des années 80, participer à la lutte pour la défense des centrales syndicales autonomes dont l’Udts et l’Uden» explique Ousmane Diop, chef de cabinet de Mahmout Saleh.
Sur le plan politique, plusieurs fois, les mauvaises langues l’ont déclaré « fini », en disgrâce mais à chaque fois, il s’est relevé, se montrant plus fringant que jamais. « Il a toujours cherché le consensus au point de soutenir le Groupe Ouvrier Révolutionnaire (Gor), la naissance de la Ligue Communiste des Travailleurs (Lct), de l’Union pour le Renouveau Démocratique (Urd) ensuite la fondation de l’Urd / Fal, du Nouveau Parti (Np) avant d’adhérer à l’Alliance Pour la République (Apr) » a remarqué Ousmane Diop. Très enclin dans des principes, il avait décidé, en 2000, de tourner le dos à feu Djibo Kâ (Urd) qui, lors de l’entre deux tours de la présidentielle, a alors pris l’engagement de soutenir Abdou Diouf. Avec d’autres hommes de valeur tels Amadou Doudou Sarr, Mbaye Diouf, Abdourahmane Touré etc, Mahmout Saleh a préféré battre campagne pour le candidat Abdoulaye Wade qui finit par remporter le scrutin et instaurer la première alternance politique au Sénégal. Il sera récompensé plus tard par un poste de Pca de la Sénégalaise de Réassurances (SenRe), puis ministre conseiller auprès du Président de la République, ministre Conseiller, ministre d’Etat, directeur de cabinet politique avant de devenir récemment directeur de cabinet du Président sous le magistère de Macky Sall.
Un fin politicien
Fidèle parmi les plus fidèles compagnons de Macky Sall, ses sorties dans la presse sont calculées pour ne pas gêner son mentor. Très écouté par le locataire de l’Avenue Léopold Sédar Senghor qui lui prête une oreille attentive, Mahmout Saleh est considéré par ses détracteurs comme fin politicien. « Longtemps auprès du président Macky Sall, Mahmoud Saleh, n’a jamais trahi, ni abandonné son patron et fidèle compagnon de longues années. Osons le dire, on ne l’a jamais entendu exiger quoi que ce soit ni directement, ni indirectement. A la différence de beaucoup d’acteurs politiques qui sont prompts à verser dans le chantage médiatique à la minute où leurs intérêts sont menacés », a ajouté Ousmane Diop. Selon ce dernier, cet homme d’État émérite, travailleur, silencieux, au parcours riche en expérience n’hésite pas à aller aux charbons pour donner corps et âme la vision du Président Macky Sall. « C’est pourquoi, il dérange souvent de par sa rigueur et son abnégation » a encore martelé son chef de cabinet.
Robuste tel un Robin des bois, le tout nouveau directeur de cabinet du Président de la République reste et demeure à chaque fois solide dans ses bottes parce que toujours préoccupé essentiellement de sa mission. « Les tintamarres médiatiques ne l’ont jamais ébranlé parce qu’assez aguerri au point de comprendre que celui qui s’engage dans la politique doit s’attendre à tout, y compris les coups et les meurtrissures. Qu’il tonne, ou qu’il pleuve Mahmoud Saleh demeure aussi fidèle en amitié qu’en politique (…) Le choix du président Macky Sall de faire de lui son directeur de cabinet n’est pas anodin. On peut l’interpréter de plusieurs manières. Prendre un homme de confiance comme Mahmoud Saleh à ses côtés montre combien ce nouveau remaniement s’inscrit dans une dynamique constructive d’innovations, de transformations, de réalisations et de changements nécessaires à l’accélération de l’émergence du Sénégal dans la paix, la sécurité, la stabilité, et la prospérité. Il y a un grand espoir pour le Sénégal de voir Mahmoud Saleh dans cette posture. C’est un homme qui connaît le pays d’abord pour l’avoir parcouru mais aussi pour son long et riche cursus politique. Ce serait trop prétentieux de dire qu’il est celui qui maîtrise le plus l’appareil d’État mais reconnaissons-lui d’être pleinement un homme d’État » a pesté Ousmane Diop.
Poursuivant, il prie pour que Mahmout Saleh ait le temps et les moyens nécessaires d’accompagner le Président Macky Sall dans l’accomplissement de sa grande mission pour le Sénégal. « Qu’il sache (et il le sait déjà) que les mauvaises langues vont se dénouer ; mais avec la force de caractère qu’on lui connaît, il ne reculera point. Ce patriote en homme aguerri et courageux qui a traversé le désert avec le président Macky Sall a toujours placé au – dessus de tout l’intérêt supérieur de la nation. Sa patience et son endurance le prouvent. Dans la disette comme dans le succès, Mahmoud Saleh est resté le même : un compagnon fidèle » a-t-il conclu.
Et si Macky voulait la peau du trotskyste Saleh ?
Sa nomination au poste de directeur de cabinet politique du président de la République a soulevé l’ire de certains apéristes et d’autres politiciens qui proclament que le monsieur n’a pas le profil de l’emploi. Selon ces détracteurs, il faut être de la hiérarchie A pour occuper ce poste. D’ailleurs, Mame Mbaye Niang a, lors de son passage à l’émission matinale de la Radio Futur Média il y a de cela une semaine, maintenu le flou sur le parcours académique de Saleh. « Mahmoud Saleh est directeur de cabinet avant il était directeur de cabinet politique. Il n’a qu’à rester à sa place. S’il déborde, il m’entendra », prévenait d’emblée le jeune Mame Niang qui, pourtant, était considéré comme un des jeunes de Saleh et lui et Bara Ndiaye de la Maison de la Presse. « Bara Ndiaye et Mame Mbaye Niang ont toujours été des jeunes éclaireurs de Mahmoud Saleh. C’est eux que l’actuel directeur de cabinet politique de Macky envoyait aux fronts pour s’attaquer à ceux à qui on prêtait des ambitions présidentielles dans le parti », rappellent nos interlocuteurs qui ont voulu garder l’anonymat. Mais, qui n’ont pas manqué d’affirmer que si aujourd’hui Mame Mbaye Niang va jusqu’à attaquer ouvertement Mahmoud Saleh que l’on considérait comme l’oreille du Chef de l’Etat, c’est parce que quelque chose a changé. « C’est Macky Sall qui est derrière les attaques de Mame Mbaye Niang contre Mahmoud Saleh. Il se passe qu’il n’a plus besoin de lui après avoir réussi à lui faire faire les sales boulots. Il a eu ce qu’il voulait de lui, maintenant il envoie Mame Niang pour le charger en prétextant son parcours académique », soutiennent nos sources. Lesquelles se demandent comment Mame Mbaye Niang a su que Macky serait trompé sur le parcours académique de Mahmoud Saleh. « Les attaques répétitives de Mame Mbaye Niang ont une explication. Si Macky ne l’avait pas actionné, il n’oserait nullement s’attaquer à Mahmoud Saleh », estiment-elles. Des proches de Saleh, eux, pensent que Macky Sall sait ce que Mahmout Saleh représente auprès de lui. « Je crois que Mahmout Saleh a le profil de l’emploi et n’a pas à répondre à Mame Mbaye Niang. Il n’est pas au même niveau politique que lui. Macky Sall sait ce que Mahmout Saleh représente auprès de lui. Cependant, je m’interroge sur le silence du Président surtout après les attaques de Mame Mbaye Niang » a relevé en conclusion Racine Sy.