En décidant de rencontrer le leader de Pastef Ousmane Sonko, Khalifa Sall a voulu transmettre à l’opinion un message on ne peut plus clair même s’il est décodé : ‘’Je suis dans l’opposition et j’y reste’’.
En communication, en général, le côté non-verbal étant souvent le plus important, le leader de Taxawu Senegal a certainement eu la ferme intention de couper court aux rumeurs enclenchées par la sortie de Souleymane Jules Diop. Ce dernier faisant état de rencontres secrètes et même de négociations entre Macky et Khalifa.
Au moment où cette information faisait la Une des quotidiens, la rencontre entre Sonko et l’ancien Maire de Dakar sonne alors comme un démenti.
Ce dernier a voulu faire savoir à l’opinion, que s’il désire rencontrer quelqu’un pour négocier, il le fera au grand jour parce qu’il est libre de ses mouvements et ses engagements. Voilà qui est clair.
Cependant, cela ne veut nullement dire que ce qu’avance Jules Diop est faux. Mais, il n’est pas exclu non plus que l’Etat soit dans la dynamique d’allumer un contre-feu ou de dresser un écran de fumée pour Idrissa Seck.
Qu’à cela ne tienne, Khalifa a voulu démentir. Il l’a fait publiquement par le truchement de ses partisans mais aussi ouvertement en posant un acte de dialogue avec l’un des leaders les plus radicaux, Ousmane Sonko.
En clair, l’ancien Maire n’exclut pas en effet d’entrer en alliance avec Sonko ou avec n’importe quel leader de l’opposition dans la perspective des prochaines échéances électorales.
C’est en tout cas ce que son geste signifie avec la photo qui a fait le tour de tous les réseaux sociaux.
D’ailleurs, Khalifa n’est pas sans savoir que tant qu’il n’acceptera pas d’entrer dans la majorité, il aura difficilement l’amnistie nécessaire au recouvrement de son éligibilité.
Donc, en conséquence, il aura besoin, en cas d’obstination de Macky à ne pas l’amnistier, à se rapprocher d’un autre leader avec qui une alliance politique sera scellée pour un partage du pouvoir.
Car, on peut empêcher Khalifa à se présenter à des élections mais pas à mener des activités politiques et à exercer des responsabilités.
Or, il a un mouvement politique assez respectable et il a gagné en sympathie depuis son séjour carcéral qui n’a, en rien, entaché sa crédibilité.
Il est assez expérimenté politiquement pour comprendre que les raisons pour lesquelles il s’était embrouillé avec Ousmane Tanor Dieng sont toujours valables. Et qu’il ne peut pas, en si peu de temps, se renier au point de s’engager dans une alliance avec Macky.
Car, cela voudra dire alors que Tanor avait eu raison sur lui. Que toute la bataille qu’il avait engagée et qui lui avait valu la prison est nulle et non avenue.
Mais, cela voudra surtout dire que l’opposition sénégalais va à vau-l’eau. Et que la majorité du Président Sall sera incontournable lors des prochaines élections.
Pis, ce serait un quitus, un chèque en blanc décerné à ce dernier pour un troisième mandat. Et qu’il le soutiendrait.
Alors, pour toutes ses raisons et sans doute d’autres, Khalifa va hésiter à pactiser avec ses anciens bourreaux. Car, il est difficile pour toute personne, de tourner aussi facilement la page de nombreuses années d’emprisonnement même si une grâce est intervenue.
Khalifa, pourra-t-il oublier facilement qu’il a été trainé dans la boue, son nom sali pour des idéaux alors qu’il aurait pu simplement suivre Tanor sur la voie déjà tracée exactement comme ses autres camarades qui sont encore ministre ou celle qui l’est devenue tout récemment ?
Ce serait incompréhensible. Car, Macky aurait vraiment gagné sur toute la ligne. Il l’aura puni, redressé et mis à sa disposition.
La question qui se pose alors est de savoir si tout le monde a un prix comme Wade a eu à le dire un jour ? Ou s’il encore des gens qui se battent encore pour des idéaux dans un pays où beaucoup de valeurs ont été perdues.
La réponse dans quelques mois….
Assane Samb