Que vaut finalement le dialogue national?

par pierre Dieme

Tout marche comme si les questions électorales étaient les seules constantes dans ce pays. Sur huit commissions créées lors de l’installation du Comité de Pilotage du Dialogue National le 26 décembre 2019, une seule fonctionne normalement

L’histoire semble donner raison à ceux qui doutaient de la sincérité de l’appel au dialogue national lancé par le chef de l’Etat, n’hésitant pas, à l’époque, à le présenter comme un leurre. D’autant que sur les huit commissions existantes, une seule a fonctionné normalement jusque-là.

Tout marche comme si les questions électorales étaient les seules constantes dans ce pays. Sur huit commissions créées lors de l’installation du Comité de Pilotage du Dialogue National le 26 décembre 2019, une seule fonctionne normalement. Or, le but ultime était de faire converger la synergie des forces vives du pays autour de consensus forts sur la voie du développement économique et social durable, pour un Sénégal prospère, uni et stable. Encore que tous les points posés sur la table des concertations politiques n’ont pas été vidés. Toujours est-il que la commission politique est largement en avance sur les autres qui ont cessé de fonctionner avec l’apparition de la Covid-19. On a l’impression que les échéances électorales comptent plus que la gestion du pétrole et du gaz tout comme la gouvernance foncière, la question de l’emploi, la protection de l’environnement, entre autres sujets. L’on se demande s’il y a une réelle volonté de relancer les travaux des autres commissions. Tout porte à croire que le chef de l’Etat, le seul apparemment à pouvoir faire bouger les lignes, préfère laisser les choses en l’état, dans l’incertitude totale.

En effet, la pandémie de Covid19 ne pourrait être invoquée pour justifier cette léthargie. «Toutes les administrations et tous les services de l’Etat essayent de vivre avec ce virus-là. Aussi, il n’y a pas de raison que la commission politique puisse continuer son travail depuis tout ce temps et que les autres commissions soient dans la léthargie la plus totale», s’est désolé Déthié Faye du pôle des non-alignés de la commission politique du dialogue national, joint par «L’As».

Poursuivant, il rappelle que des instructions avaient été données pour qu’à partir du 19 août dernier, toutes les commissions reprennent les travaux. «Nous ne savons pas exactement ce qui est à la base du blocage alors que l’opinion s’attend à ce que ces commissions abordent des questions extrêmement importantes pour le devenir du pays ; qu’elles puissent terminer leur travail et que cela ne finisse pas en queue de poisson», indique-t-il. Déthié Faye renseigne que le président de la République avait pris un décret pour proroger de trois mois le travail des commissions. Malgré cela, ajoute-t-il, les sept commissions en question n’ont pas été convoquées.

DETHIE FAYE : «IL REVIENT AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE REDEMARRER LA MACHINE»

Face à cette situation de blocage et l’inertie du chef de l’Etat, on se demande s’il était véritablement sincère dans son appel au Dialogue national. «Je ne pourrais pas le dire. Mais si c’était ça, ce serait vraiment regrettable. Parce que les thèmes qui sont abordés par les autres commissions sont des questions extrêmement importantes pour le devenir du pays.

Par conséquent, on ne peut pas se soucier du développement du Sénégal et ne pas accorder une importance majeure aux travaux de ces commissions. C’est la raison pour laquelle, en attendant de connaître les raisons profondes du blocage, je continue à insister sur la nécessité pour le président de la République de prendre l’initiative de relancer les travaux de ces sept commissions», a indiqué Déthié Faye. Il estime, en tout état de cause, qu’il ne doit pas exister un blocage persistant parce que c’est le président de la République qui a mis en place le Comité de pilotage et pris un décret pour la composition. «S’il y a un blocage, il lui revient de prendre les mesures et les initiatives qui sont de nature à faire redémarrer la machine. Et il suffirait pour ça que les problèmes soient identifiés et qu’il y ait une solution qui va satisfaire tout le monde. Je pense que cela ne doit pas poser un problème et que le président de la République devrait régler cela avec le président du Comité de pilotage», affirme le coordonnateur du pôle des non-alignés de la commission politique du Dialogue national.

A noter qu’en plus de la commission politique, il y a les commissions sur les ressources naturelles ; sur l’économie et le social ; sur la décentralisation ; sur l’administration et la lutte contre la corruption ; sur l’environnement ; sur la sécurité ; et sur la synthèse. Cette dernière est chargée de regrouper les travaux de toutes les commissions et d’en faire une synthèse.

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