Macky clone me Wade

par Dakar Matin

Plus de doute. Les élections municipales et départementales ne pourront plus se tenir au plus tard le 28 mars 2021 comme l’avaient acté les acteurs engagés dans le dialogue politique.

Initialement prévues au plus tard le 28 mars prochain sur la base d’un deuxième report acté par les acteurs engagés dans le dialogue politique au sein de la Commission cellulaire, les élections locales seront à nouveau reportées pour une troisième fois. Le gouvernement vient en effet de procéder à la saisine de l’Usaid pour le lancement de l’opération de sélection du cabinet d’audit indépendant devant faire l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Avec ce troisième report, le régime en place devient ainsi le premier à avoir reporté une élection à trois reprises.

Plus de doute. Les élections municipales et départementales ne pourront plus se tenir au plus tard le 28 mars 2021 comme l’avaient acté les acteurs engagés dans le dialogue politique. D’ailleurs s’exprimant sur la question le mardi 24 novembre, lors de la première conférence de presse gouvernementale, le nouveau ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Antoine Felix Diome, a évoqué des « préalables sans lesquels il ne sera pas possible de se prononcer tout de suite sur une date fixe » de ces élections déjà reportées à deux reprises. A travers cette sortie, le ministre de l’Intérieur acte ainsi un troisième report de ces élections à cause du retard noté dans la mise en œuvre du processus d’audit du fichier et d’évaluation du processus électoral qui justifie ce énième report de ces élections qui devaient se tenir en juin 2019. Ce, même s’il faut souligner que c’est depuis le mois de février 2020 dernier que les acteurs engagés dans le dialogue politique appelé par le président Macky Sall après la présidentielle de février 2019 avaient trouvé un accord sur les termes de référence concernant l’audit et l’évaluation du processus électoral. Et un document dans ce sens avait été même transmis au président de la République, le 06 février 2020, par l’intermédiaire de Famara Ibrahima Sagna, président du Comité de pilotage du dialogue national. Pourtant, c’est seulement en début de ce mois de novembre que le processus de mise en œuvre de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral a été enclenché par le gouvernement à travers une saisine officielle de l’Usaid (bailleur engagé à financer ce processus d’audit) en vue du lancement de la procédure de sélection du cabinet d’audit indépendant devant faire ce travail d’audit et d’évaluation. Ce qui fait un retard de huit mois enregistrés par le gouvernement dans la saisine de ce bailleur.

MACKY, CHEF DE PELOTON DEVANT WADE ET DIOUF

Si le Sénégal a toujours peiné à organiser les élections locales à date échue, c’est la première fois, depuis 1996 (année à laquelle se sont tenues les premières élections locales) qu’un régime décide de reporter pour une troisième reprise ce scrutin au cours duquel les Sénégalais sont invités à renouveler leurs dirigeants locaux. Avec un actif de trois reports sur les cinq notés depuis l’institution de cette élection, le régime du président Sall coiffe au poteau l’administration de son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade. La conséquence de ce nouvel report est la prorogation nos seulement des mandats des élus locaux (conseillers municipaux et départementaux, maires et présidents de conseil départemental) pour une troisième fois d’affilée mais aussi de ceux des Hauts conseillers des collectivités territoriales (Hcct). Alors qu’ils étaient élus pour un mandat de cinq ans, ces élus vont désormais rester en leur poste au grand dam de leurs administrés pour quelques mois encore voire jusqu’à la fin de l’année prochaine. En effet, si on s’en tient aux avis de certains spécialistes, ce processus d’audit et la mise en place des différentes réformes du code électoral prônés dans le cadre du dernier dialogue politique risquent de prendre encore beaucoup de temps.

REPORTS AUX MOTIFS SOUVENT…FALLACIEUX

Pour rappel, depuis 1996, quatre reports de ces élections municipales et départementales ont été notés et parfois sur la base des motifs très étonnants. Le premier report de ces élections est intervenu en 2001 sous la présidence de Me Abdoulaye Wade. Et le motif évoqué sur le projet de Loi n° 2001- 10 du 3 décembre 2001 portant report de la date des élections aux conseils régionaux, aux conseils municipaux et aux conseils ruraux jusqu’au dimanche 12 mai 2002 était entre autres les célébrations qui mobilisent une grande partie de l’électorat dont le Ramadan, les fêtes de fin d’année, la Coupe d’Afrique des Nations, le pèlerinage à la Mecque, les fêtes de Pâques et le Grand Magal de Touba. Le second report est intervenu en 2007 toujours sous la gestion de l’ancien président libéral, Me Abdoulaye Wade. Le motif évoqué à l’époque était l’impossibilité de coupler cette élection aux législatives du fait de leur organisation matérielle qui n’est pas identique. Reportées par la Loi n° 2007-24 du 22 mai 2007 qui a prorogé en même temps le mandat des conseillers régionaux, des conseillers municipaux et des conseillers ruraux élus à l’issue des élections du 12 mai 2002 au 18 mai 2008, ces élections vont être repoussées une nouvelle fois au 22 mars 2009 à la suite d’une proposition de loi introduite par Aminata Tall, député du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’époque. Le motif évoqué pour justifier ce second report jusqu’au 22 mars 2009 était le découpage administratif qui a donné naissance aux régions de Sédhiou, Kaffrine, Kédougou le 1er février 2008. Arrivé au pouvoir en 2012, l’actuel chef de l’Etat ne mettra pas du temps lui-aussi à imprimer ses marques dans cette anomalie. Ce, en décalant de quelques mois (trois mois plus précisément) les locales initialement prévues le 22 mars 2014. Le motif évoqué pour justifier ce décalage, la réforme phare de l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre la communalisation intégrale et la suppression des conseils régionaux. Il faut dire que l’actuel chef de l’Etat compte déjà à son actif deux reports, soit un de moins que son prédécesseur qui, en douze ans de gouvernance, a reporté trois fois les élections locales.

Nando Cabral GOMIS

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