Me El Hadji Amadou Sall : « j’assume tout le mal que j’ai pu dire de Macky Sall»

par Dakar Matin

Invité de la matinale d’ITV, Me El Hadji Amadou Sall s’est prononcé sur l’actualité nationale marquée par le Gouvernement dit d’ouverture. Il est revenu de ses relations heurtées dans le passé avec le président de la République dont il est devenu allié via sa nouvelle formation politique, la crise qui prévaut au Parti démocratique sénégalais non sans oublier la recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine.

Quelles sont les raisons qui ont poussé votre parti à intégrer le Gouvernement ?

La première raison, c’est notre liberté d’appréciation qui a guidé notre choix. La deuxième raison, c’est le contexte politique. Nous avons participé au dialogue politique et au dialogue national. Ils ont donné des résultats qui donnent satisfaction. C’est sur cette base que le président de la république Macky Sall nous a proposé un compagnonnage. En plus nous sommes dans un pays qui traverse des difficultés liées à l’émigration clandestine, à la situation économique qui est difficile, au Covid-19. Donc, nous avons besoin de stabiliser le pays, de stabiliser la vie politique et sociale, de faire en sorte qu’on se mette au travail pour le seul bien des sénégalais.

Vous n’avez pas été tendre avec Macky Sall. Vous l’avez traité d’incompétent et d’impuissant. Qu’est ce qui a changé entre temps.

A-t-il été tendre avec moi ? N’a-t-il pas dit que nous avions de la haine contre lui ? C’est le jeu politique. La vie politique est faite de joutes, de combat de corps à corps où beaucoup de coups sont permis. Oui, j’ai dit beaucoup de mal de Macky Sall. Ces partisans ont également dit beaucoup de mal de moi. Et, il y a le temps du combat, il y a aussi le temps de la discussion constructive. Nous sommes à la discussion constructive. Je ne dis pas que le passé est le passé mais nous étions dans un combat politique, il n’y avait aucun aspect personnel. Donc j’assume tout le mal que j’ai pu dire de Macky Sall comme, j’imagine, qu’ils assument tout le mal qu’ils ont pu dire de moi. Aujourd’hui, on rabat les textes, on se revoit et on parle. Je ne regarde pas dans le rétroviseur. Je regarde devant.

Le Pds traverse aujourd’hui des difficultés. Et ce que l’histoire ne vous donne pas raison ?

Ça doit être pénible d’avoir raison. C’est triste d’avoir raison pour des questions aussi essentielles. J’ai fait une partie de mes armes dans le Pds. J’ai fait une partie de ma classe politique dans le Pds. J’y ai noué des relations exceptionnelles. Abdoulaye Wade, je le considère à la fois comme un mentor, comme un guide et un père. Et le Pds fait partie de moi. Donc, il est naturel qu’on puisse avoir le cœur serré quand on parle d’un parti qui vous a tant donné. Mais c’est la vie. Les choses naissent, développent, s’étiolent ou meurent en fonction des évènements et des circonstances. Nous y avons été nous n’y sommes plus, permettez-moi de ne pas trop en dire. Ça me fait quand même un peu mal au cœur.

Quelle explication donnez-vous au phénomène de l’émigration clandestine ?

Au-delà de l’explication à donner, il faut d’abord dire à quel point c’est désastreux de voir nos enfants aller se battre en pleine mer pour leur propre survie. C’est l’expression ou la manifestation d’une grosse insuffisance dans la définition de nos politiques. Si les résultats étaient suffisants, si les résultats étaient satisfaisants nos enfants ne quitteraient pas, par vagues entières, pour aller dans des endroits où ils ne sont mêmes pas sûrs, d’ailleurs, de trouver leur bonheur. C’est l’échec de nos différentes politiques depuis l’indépendance et, il est temps qu’on s’arrête un instant et qu’on réfléchisse à ça, pour apporter des solutions. Il n’y a qu’une seule solution, c’est la création d’emploi qui résulte d’investissement.

Aliou DIOUF

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