Une alliance électoraliste entre le PDS, seul parti de l’opposition dépositaire d’un groupe parlementaire à l’Assemblée et Sonko, arrivé 3ème à la dernière présidentielle est à même de donner un nouveau souffle à une opposition qui cherche à redécoller
Comme un véritable ballon de sonde, l’idée d’un pôle politique entre le Pds de Me Abdoulaye Wade et Pastef-Les Patriotes d’Ousmane Sonko, en perspective des prochaines élections locales, municipales comme départementales, est en train d’être agitée par certains acteurs politiques. A l’instar du député Toussaint Manga pour qui ce serait la solution pour une opposition plus forte face au « Macky ». Nonobstant la faisabilité d’une telle alliance, en raison de la posture antisystème de Sonko qui pourrait cependant résister difficilement à la realpolitik électorale, un tel front entre le seul parti de l’opposition dépositaire d’un groupe parlementaire et le candidat arrivé 3ème à la dernière présidentielle est à même de donner un nouveau souffle à une opposition revancharde. Quand il ne contribuerait pas à émietter ou du moins à fortement fragiliser la coupole de Bennoo Bokk Yaakaar sur le terrain local !
Les prochaines élections locales programmées au plus tard le 28 mars, à moins d’un troisième report, pourraient déboucher sur une alliance ou un schéma de compagnonnage plus ou plus invalidant pour le leadership de Bby, si la proposition du député Toussaint Manga parvenait à se concrétiser. Au nom de la realpolitik…électorale. Pour cause, avant-hier mercredi, le débuté libéral a esquissé sur son compte Facebook une proposition pour rendre plus forte l’opposition qui peine encore à se relever de sa défaite électorale de 2019.
Pour le parlementaire Toussaint Manga ainsi : « Le pôle politique qu’il faut créer pour une opposition plus forte, c’est le tandem Pds-Pastef. Cela ne changera en rien aux projets de société des deux partis en 2024 », a-t-il dit sur sa page Facebook.
Loin d’être anodin ou gratuit, cet appel du pied du député libéral ou ballon de sonde vers Pastef-Les Patriotes, s’il trouve écho favorable, déboucherait sur une véritable menace pour le « Macky », surtout en perspective des prochaines élections locales, municipales et/ou départementales.
Une alliance électoraliste entre le seul parti de l’opposition dépositaire d’un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale et le candidat arrivé 3ème à la dernière présidentielle avec près de 16% des suffrages valablement exprimées, en l’occurrence Ousmane Sonko, est à même de donner un nouveau souffle à une opposition qui cherche aujourd’hui à redécoller après une longue hibernation de la plupart de ses leaders, suite à la déroute de février 2019.
Et quoique certains esprits aient des raisons objectives de douter de la faisabilité d’une telle « alliance », en raison du fait qu’Ousmane Sonko campe sans restriction sur sa ligne anti-système, il faut dire que la realpolitik est là pour montrer qu’en politique, toutes les unions sont possibles, le temps d’une élection. Bennoo Bokk Yaakaar qui l’a si bien compris règne sans partage sur le Sénégal depuis 2012.
Et même Sonko ne semble pas réfractaire à des alliances contre-nature. Sa rencontre fortement médiatisée avec Me Wade, à la veille de la dernière présidentielle, en quête de soutien du Pds dont le candidat, en l’occurrence Karim Wade, a été éliminé par le Conseil constitutionnel, en est un signe patent. Et même si Me Wade avait préféré s’abstenir de toute consigne de vote, la sympathie affichée et le témoignage adressé au candidat Sonko avaient été fortement bénéfiques pour Pastef/Les Patriotes.
En termes de gain électoral vis-à -vis de votants libéraux qui s’étaient orientés vers Ousmane Sonko perçu, à leur entendement, comme un Wade miniature. Aujourd’hui, alors que les élections locales se profilent, même si la date n’est pas encore arrêtée par le ministère de l’Intérieur sous la dictée du chef de l’Etat, une alliance électoraliste entre le Pds et Pastef est de l’ordre du possible. Et, comme supputé par le député Toussaint Manga, « Cela ne changera en rien aux projets de société des deux partis en 2024 », date de la prochaine présidentielle.
Quand on prend en compte l’importance et la nécessité des coalitions électorales, en période de Locales au Sénégal, force est de penser que le Pds comme Pastef-Les Patriotes comme tous les grands partis au Sénégal sont en train de se triturer les méninges pour la meilleure alchimie électorale possible. En 2009, Bennoo Siggil Senegaal avait montré la voie avec une sorte de coalition hétéroclite associant les ennemis d’hier et les idéologies les plus irréductibles pour dompter le Pds de Me Wade et ses alliés aux Locales, avant de tracer la voie d’une sortie du « Pape du Sopi » en 2012.
Bennoo Bokk Yaakaar, mayonnaise de toutes les sensibilités politiques imaginables, avait suivi la voie tracée pour s’emparer de la quasi-totalité des circonscriptions électorales du Sénégal aux Locales de 2014, et faciliter la réélection de Macky Sall en 2019. Des leçons de realpolitik électorale qui enjambent tout schéma antisystème et autre considération idéologique, au seul profit de la conquête du pouvoir… surtout local pour les échéances les plus proches.