La Turquie surveille ses arrières au Sénégal

par pierre Dieme

Après la visite du président Recep Tayepp Erdogan en janvier, c’est son ministre des Affaires étrangères qui revient à la charge, certainement pour faire le point des acquis et poser les jalons de nouvelles collaborations

Le ministre des Affaires étrangères de la République de Turquie effectue depuis hier une visite de travail de deux jours au Sénégal. Accompagné d’une délégation de hauts fonctionnaires de Son Département, Mevüt ÇAVUSOGLU sera d’ailleurs reçu aujourd’hui par le Président Macky Sall. Cette visite fait suite à celle du chef de l’Etat turc Recep Tayepp Erdogan effectuée en janvier dernier et ayant débouché sur la signature de nombreux accords.

Et si la Turquie surveillait ses arrières en Afrique et particulièrement au niveau de sa porte d’entrée, le Sénégal ! Les ambitions d’Istanbul pour le continent ne sont pas cachées tant sur le plan géopolitique et stratégique que sur le plan économique. Des appétits qu’elle partage avec d’autres prétendants tels que la Chine, la France, entre autres puissances. Mais la Turquie est bien partie dans sa conquête, tout au moins au Sénégal où il est devenu un partenaire privilégié.

Après la visite du président Recep Tayepp Erdogan en janvier, c’est son ministre des Affaires étrangères, Mevüt ÇAVUSOGLU qui revient à la charge, certainement pour faire le point des acquis et poser les jalons de nouvelles collaborations. Il sera reçu aujourd’hui par le président de la République du Sénégal, Macky Sall. Après avoir été accueilli hier par le Secrétaire d’Etat Moïse Sarr, il avait rencontré dans l’après-midi les hommes d’affaires turcs.

Au menu aujourd’hui, une audience dans la matinée avec son homologue Amadou BA suivie de signature d’Accord avant d’être reçu au palais de la République en fin de matinée. Il faut dire que la Turquie a intérêt à protéger ses arrières, surtout que la France revient en force dans le pays. Cependant, les échanges commerciaux sont au beau fixe entre Istanbul et Dakar. Ils veulent atteindre la barre des 600 milliards de francs CFA en 2020 pour renforcer les échanges commerciaux des deux Etats.

Les entreprises turques sont présentes dans beaucoup de secteurs et sont au cœur de grands projets dans le pays. Il en est ainsi de la réalisation du stade olympique de 50 000 places à Diamniadio ainsi que le grand projet infrastructurel d’installation d’une aciérie par le holding Tosyali. Celui-ci va dans un premier temps investir 100 millions de dollars et à terme 400 millions de dollars. Ce projet qui a fait polémique dans le pays consiste à mettre une unité de fabrication de métal, de fer à béton en attendant de soumettre une demande pour faire la remontée de filière. C’est-à-dire importer le fer et voir aussi dans quelle mesure il pourrait être autorisé à exporter le fer. Les Turcs sont également impliqués dans l’achèvement des travaux de l’AIBD, la construction du Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) du complexe multifonctionnel « Dakar Arena », le Centre d’exposition, le marché d’intérêt national et la gare des gros-porteurs entre autres… Sans compter la participation d’entreprises turques et sénégalaises dans le cadre de la réalisation du TER.

LE SENEGAL, DE PLUS EN PLUS DEPENDANT DE LA TURQUIE ! 

L’économie sénégalaise devient ainsi de plus en plus dépendante de la Turquie. Dans le cadre de la diversification du partenariat, le Président Macky Sall avait sollicité, lors de la visite d’Erdogan en janvier, que l’arachide sénégalaise puisse pénétrer le marché turc après avoir pénétré le marché asiatique et européen dans le passé à travers l’huile d’arachide. L’ascendance de la Turquie sur le Sénégal fait que les autorités sénégalaises sont souvent enclines à satisfaire les caprices de l’homme fort d’Ankara taxé de dictateur par les Occidentaux. C’est dans ce sens que le Président Macky Sall l’avait soutenu à combattre le mouvement Feto au Sénégal. On se rappelle en effet la fermeture des écoles Yavuz Selim au Sénégal suite à la demande d’Ankara. Les autorités sénégalaises, pour garder de bonnes relations avec l’Etat turc, avaient décidé de fermer ces écoles d’excellence parce qu’affiliées tout simplement au mouvement Feto. Après avoir réussi à faire fermer Yavuz Selim, la Turquie a installé la fondation Maarif, actuellement active au Sénégal avec 13 écoles.

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