Tobène: le coup de force de Aly Ngouille Ndiaye après le rejet des taux d’indemnisation proposés par les ICS

par pierre Dieme

​Parce qu’elles s’opposent à la « puissance » des autorités qui les obligent à céder, dans la douleur, leurs terres aux Industries Chimiques du Sénégal (ICS), les populations du village de Tobène et environs, dans la commune de Méouane (département de Tivaouane), ont subi, ce mercredi 12 août, la rigueur des forces de l’ordre. Parmi les contestataires, trois chefs de village et le responsable des jeunes de la localité, Cheikh Top, ont été arrêtés par les éléments de la compagnie de gendarmerie de Tivaouane. Ces « paysans opprimés » interpellent le président Macky Sall avant que, disent-ils, « les choses n’empirent ».

Il y a deux semaines, environ, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, avait convoqué une réunion de crise entre toutes les parties prenantes à Méouane. Il avait invité les dirigeants des Industries chimiques du Sénégal (ICS) à revoir le barème d’indemnisation jugé dérisoire. Mais en vain ! 

Les ICS, aujourd’hui, semblent plus que jamais décidées à « exproprier » ces populations aux fins d’exploiter leurs terres. Et face à la détermination de la société minière propriété d’un groupe indien, les paysans de Tobène jugent nécessaire d’interpeller, à temps, le Président Macky Sall, avant, avertissent-elles, que « le pire ne se produise ». 

Les populations impactées rejettent le taux d’indemnisation proposé par les ICS 
L’échec des négociations entre les Industries chimiques du Sénégal (Ics) et les populations de Tobène impactées par ce projet d’extension, sur le barème d’indemnisation, a eu pour effet de raviver la tension. La Force pour le développement (Fdp) de la commune de Méouane (82 villages), en collaboration avec toutes les associations citoyennes du département Tivaouane, a dit « Non » au barème que les Industries chimiques du Sénégal (ICS) proposent pour exploiter les terres de la discorde. Les populations des villages impactés jugent dérisoire l’indemnisation de 1 million 50 mille FCFA par hectare que les Ics veulent leur donner. Elles estiment que ce n’est pas proportionnel à leurs ressources. 

Rappelons qu’il y a quelques jours, déjà, la tension était monté d’un cran entre populations et forces de l’ordre et avait failli dégénérer. Selon un porte-parole de la Fdp, « il est inconcevable qu’on puisse déposséder un paysan de sa source de subsistance et de survie, des terres que sa famille exploite depuis plus d’un siècle, en contrepartie d’un barème aussi dérisoire et insignifiant par rapport au préjudice subis ». Poursuivant, il explique dans les colonnes du journal Le Témoin que «étant donné que nos arbres et nos plantes sont ravagés en grande partie par les Ics, nous réclamons une indemnisation de 20 millions de FCFA par hectare et non par dénombrement ». Pour lever toute équivoque, notre interlocuteur précise toutefois que «nous ne refusons guère de céder les terres, mais il faut un barème d’indemnisation équitable qui sera à la hauteur des dégâts collatéraux que les ICS infligent aux populations riveraines», notamment «la pollution permanente qui affecte gravement les populations, la faune et la flore qui sont décimées etc.» 

En tout cas, le constat est que la situation risque de dégénérer si l’on n’y prend garde, du fait que la tension est toujours vive parce que les 47 hectares dont les ICS ont besoin sont les seules sources de revenus des populations impactées, puisque leur activité principale, c’est l’agriculture. Encore une fois, font valoir les populations, « nous gagnons plus avec nos terres que ce qu’on nous propose ». 

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