Composé de membres de la société civile, de l’opposition politique et de religieux, le mouvement du 5 juin a organisé hier vendredi son troisième grand rassemblement pour réclamer la démission du chef de l’État malien Ibrahim Boubacar Keïta. La manifestation qui a rapidement dégénéré s’est soldée par au moins un mort et des dizaines de blessés.
L’opposition regroupée autour du M5 ne se contente plus de réclamer la nomination d’un nouveau Premier ministre, la dissolution de la nouvelle Assemblée nationale contestée depuis les législatives d’avril. Les revendications se sont radicalisées avec l’exigence de la démission du chef de l’État, redevenue de facto la priorité des priorités pour l’opposition, reléguant ainsi à l’arrière-plan les revendications antérieures, à savoir la dissolution de l’Assemblée nationale (un des principaux facteurs de la crise), et de la Cour constitutionnelle (qui a entériné la fraude électorale en installant les députés frauduleux).
La situation sociopolitique actuelle du pays est plus que jamais incertaine avec la proposition de dialogue du président IBK appelant à la mise en place d’un gouvernement national. Après cette journée de contestation rythmée par le saccage de plusieurs édifices publics et la mise à sac de l’Assemblée nationale, dans une adresse à la nation, le président Ibrahima Boubacar Keita a signifié à ses compatriotes sa « volonté de poursuivre le dialogue et réitéré sa disposition à prendre toutes mesures qui sont en son pouvoir en vue d’apaiser la situation » .
Dans un communiqué, le M5 après avoir félicité le peuple malien pour sa mobilisation exceptionnelle, lui demande « de ne pas céder à,la provocation » et l’exhorte « à demeurer mobilisé et déterminé …jusqu’à l’aboutissement du combat patriotique pour la survie du Mali et le bonheur des Maliens ».
En Guinée Conakry opposition et pouvoir sont à couteaux tirés. Le double scrutin (élections législatives et référendum) boycotté par l’opposition et suspecté de nombreuses fraudes ne sont pas pour arranger les choses. La situation risque d’être de plus en délétère avec la candidature probable de Alpha Condé à un 3e mandat , le 5 aout prochain , date à laquelle le parti au pouvoir va désigner son candidat.
En Côte D’ivoire, le décès du candidat désigné va certainement rebattre les cartes avec le retour probable du président Alassane Ouattara aux manettes face à Bédié. La bataille tant redoutée entre les deux anciens alliés risque par conséquent de faire mal.
En Guinée Bissau la situation politique, malgré une accalmie relative est grosse de dangers. En s’installant en février 2020 , le Umarro Sissoco Emballo avait à ses côtés le chef d’Etat-Major général et son adjoint et le chef de l’Armée de l’air , les deux derniers faisant l’objet de sanctions des Nations Unies et de l’Union européenne pour leur participation au coup d’Etat de la cocaïne en 2012. Aussi les militaires trafiquants semblent-ils de retour aux commandes de l’économie de la cocaïne. Eclipsée par la pandémie de Covid-19 , la crise électorale que vient de traverser la Guinée Bisau en début d’année n’en demeure pas moins inquiétante.
Au Burkina Faso le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré doit être officiellement investi aujourd’hui, samedi 11 juin, par son parti, pour briguer un nouveau mandat à la présidentielle pandémie. Ce pays est lui aussi soumis à une grande instabilité du fait de la récurrence des attaques islamistes et voit des pans importants du territoire national qui sont soustraits à son contrôle
Ainsi, il se dévoile comme une ceinture d’instabilité qui commence à s’installer dans notre sous-région. Et ces tensions politiques ne vont qu’aggraver la crise économique qui pointe à l’horizon comme conséquence de la grave crise sanitaire née de la pandémie de Cocid-19. Il s’y ajoute que les graves crises sécuritaires au Mali, au Burkina, Au Niger, la présence de forces islamistes, le danger de l’économie de la cocaïne, font craindre pour la stabilité politique, économique et sociale de la sous-région.
CALAME