Dans le cadre de son dispositif Force covid19, une enveloppe de 69 milliards a été décaissée par l’etat en vue d’assister les populations démunies en denrées alimentaires. Hélas, dans la commune de Diamaguene-Sicap Mbao, plutôt que de servir les indigents, c’est à un véritable partage de « Bouki » que l’on a assisté ! Les chefs des différents quartiers ont chacun reçu un quota destiné à une famille de 20 personnes. Leurs amis et proches se sont retrouvés avec le double de ce que devrait recevoir une famille indigente normale. S’agissant des critères de sélection, les sénégalais qui n’ont pas fait plus de dans dans les quartiers de la commune ont été considérés comme des étrangers. De ce fait, ils n’ont pu bénéficier de l’aide alimentaire. en outre, des familles de 16 personnes voire plus et qui sont dans le besoin, ont été écartées sans aucune explication. Le Témoin sert de mur de lamentations aux malheureux.
Décidément, la République des copains et des coquins a été déclinée au niveau des communes qui sont devenues elles aussi l’apanage des mêmes copains et coquins, même dans le malheur avec la présence de la pandémie de la covid-19. Dans la commune de Diamaguene-Sicap- Mbao, la distribution de l’aide alimentaire est émaillée d’une grande injustice. En effet, aucune transparence n’est de mise dans le cadre de la répartition des vivres destinés aux familles. Du moins, selon des ayants droit s’estimant injustement écartés.
Des chefs de différents quartiers de ladite commune ont chacun reçu un quota représentant l’équivalent d’un kit destiné à une famille de 20 personnes. Ce qui apparaît comme un véritable scandale. « Rien n’est transparent dans la distribution des denrées alimentaires. Il y a des gens qui ont reçu deux fois plus qu’ils ne devraient recevoir. Ce, au moment où d’autres n’ont reçu aucun grain de riz, parce qu’ils n’entretiennent pas de bonnes relations avec le chef du quartier. Moi, je n’ai rien reçu sous prétexte que je suis étranger alors que j’ai fait plus de trois ans dans le quartier » s’étrangle de colère Cheikh Fall, un habitant du quartier. Ce qui fait que dans le quartier de Darou Minam 2, beaucoup de chefs de famille particulièrement nécessiteux n’ont rien reçu.
Ils ont ainsi été victimes de clientélisme et népotisme qui auraient été érigés en règle dans le quartier. Au domicile du chef de quartier où nous nous sommes rendus, celui-ci dont l’épouse est la « Badiénou Gokh », n’était pas en mesure de répondre à nos questions, prétextant avoir travaillé en groupe et qu’il revient au maire de répondre aux récriminations de ceux qui ont été oubliés dans la distribution. Au niveau de la distribution, renseignent nos sources, une bande de copains se paie le luxe d’avoir deux à trois sacs de riz chacun.
Mamadou Lamine Diédhiou, un jeune navigateur en chômage depuis trois mois, a été écarté de la liste des bénéficiaires au motif qu’il a un emploi. « Le chef du quartier, Amade Diouf, a lui-même fixé les règles. Je lui ai personnellement demandé les raisons de ma mise à l’écart et il m’ a dit que c’est parce que je suis navigateur », fait savoir le quadra qui peine à trouver le diable pour lui tirer la queue tout en se désolant que, dans ce quartier, le chef et son épouse se comportent en faiseurs de rois.« Mes voisins ont reçu deux à trois sacs de riz sans compter le sucre, l’huile et les pâtes. Pour ce qui est du chef de quartier, son épouse figure également sur la liste des bénéficiaires. Ce qui fait que cette famille a reçu plus qu’elle ne devrait avoir. Quant à l’imam du quartier, qui a une seule épouse avec un nombre raisonnable d’enfants, il a reçu trois sacs de riz en plus des autres denrées. Ce, sans compter la part réservée aux amis proches du chef de quartier. La famille Faye compte 16 membres. Le vieux a perdu la vue alors que ses enfants vivent de débrouille. Plutôt que d’être aidée, cette famille a été tout simplement écartée », fait savoir notre interlocuteur. « Nous, enseignants du privé, avons beaucoup souffert de la pandémie. Personnellement, je me suis déplacé pour voir le chef et son adjoint afin de discuter sur l’aide alimentaire. Ils étaient réfractaires. Nous sommes ainsi allés voir le sous-préfet. Il y a lieu de souligner que, dans le comité directeur mis en place, chaque membre doit prendre 10 responsables de famille. Le plus souvent, ils ne prennent que leurs parents et leurs amis. Le sous-préfet nous avait rassurés, mais nous n’avons rien reçu », se plaint Souleymane Badji, un instituteur dans une école privée.
Ce qui fait dire aux familles exclues de la distribution qu’une véritable mafia tourne autour de la distribution des denrées alimentaires avec un partage de « Bouki » au niveau de cette commune de Diamaguène-Sicap Mbao/
*Le partage de Bouki (l’hyène) tel que raconté par la fable sénégalaise se passe de la manière suivante. Il expose le butin devant tous les ayants droits et dit je m’appelle Bouki Ndiour Samba. Voici une part pour Bouki, voici une autre pour Ndiour et enfin une dernière pour Samba. Il se retrouve ainsi avec les trois parts du butin.
Le Témoin