23 Juin: Les déserteurs

par Dakar Matin

Il y a quelques jours, ils étaient partout imitant…pacifiquement les manifestants du Minnesota et d’autres villes américaines contre le racisme et les violences policières rendues tristement célèbres Outre-Atlantique par le genou de Derek Chauvin.
Aucune voix ne s’est étonnamment élevée de leurs rangs hier pour rappeler que cette journée était considérée en 2011 comme un tournant, le moment décisif dans les revendications contre le viol de la démocratie au Sénégal.
Ils n’étaient que des zéros. Derrière leurs grandes gueules se cachaient des couards.
Où étaient ils donc? Nulle part. Dans le quotidien des conférences sur les révolutionnaires modernes, on n’a eu de cesse pourtant de les voir ces dernières années se poser en symboles de la révolution au Sénégal.
Étrangement, c’est au moment où le pays traverse ses heures les plus sombres qu’ils ont rangé leur panoplie de militants des causes justes.
M23, Yenamarre, Aar lii nu Bokk, Gno lank et tous les autres ont disparu de la scène pour ne plus jouer qu’aux propagateurs des combats validés par l’illégitime pouvoir qu’ils disaient combattre. En son nom, et peut-être avec ses moyens financiers, ceux du peuple, ils crient à tue-tête contre la Covid19, en prenant bien soin de ne rien dire des grands scandales qui tourmentent le pays.
Meme pas un mot sur les violences policières et sécuritaires qui peuvent rivaliser avec celles du genou de Derek Chauvin l’assassin de George Floyd.
Les “révolutionnaires” sont fatigués, s’ils n’ont transhumé. Même pas un mot sur les combattants, des détenus politiques, comme Assane Diouf ou Abdou Karim Gueye, emprisonnés injustement à Rebeuss. Dans la saga qui a failli mener le commissaire Sadio en taule, ils se sont portés pâles, absents quand La Défense des droits humains et de la démocratie appelait.
Pendant que le pays meurt, ils désertent le champ de bataille pour le sauver. Que la justice soit devenue une arme contre les citoyens, ça ne leur dit rien. Les intellectuels qui se comptent dans leurs rangs refusent même de voir que la réforme constitutionnelle de mars 2016 a préparé les conditions légales d’une autre candidature de macky SALL à un 3ème mandat à la tête d’un pays qu’il a déjà écrasé de son genou morbide.
Qui doit s’étonner du silence des prétendus révolutionnaires hier à l’occasion de cette journée qu’ils avaient pourtant défini eux-mêmes comme celle de l’anniversaire de leurs combats démocratiques. Même pas un concert de casseroles.
Sans eau. Affamés. Sous l’œil de la pandémie. Sans revenus. Ni emplois. Prives de libertés. Malmenés par une puissance sécuritaire illégitime. Diffamés par des médias et plumitifs aux ordres. Leurs ressources naturelles vendangées. Les entreprises nationales privatisées entre copains.Bradage du foncier national du littoral à Dialaw: on connaît pourtant les fautifs. Surfacturation des marchés publics a des fins de corruption. Les organes de contrôle de l’état étant complices de la corruption ambiante. Un gouvernement perdu dans la forêt des charlatans. Des institutions nationales moribondes, comme l’assemblée nationale et ses excroissances inutiles. Une société et des habitants divisés. Des clans politiques sectaires, imbus de leurs certitudes, incapables d’ouverture ni de générosité et prêts à s’entretuer, à se faire hara-kiri, pour baliser le chemin à l’ennemi que tous connaissent. Les ingrédients sont réunis pour la fatale implosion.

Au lendemain du 23 juin, le Sénégal est un pays suicidaire. Le chacun pour soi, le malheur pour tous, y est le nouvel horizon. Un état néant est en gestation…

Adama Gaye Le Caire 24 juin 2020

Ps: Commissaire Sadio nous veillons. Ne nous faites pas le coup de la transhumance à la Cheikhouna Keita, le narcotrafiquant commissaire transhumant.

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