L’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (Aeme) a officiellement installé, hier, la première cohorte de gestionnaires de l’énergie, marquant ainsi le début d’un vaste programme visant à réduire de 40 % la facture publique d’électricité. Présidée par le Premier ministre Ousmane Sonko, cette cérémonie s’inscrit dans la mise en œuvre des décisions issues de la réunion interministérielle du 30 août 2024.
L’année 2023 a laissé une empreinte financière considérable sur les finances publiques sénégalaises, avec une facture d’électricité s’élevant à 71,6 milliards de FCfa. Face à cette réalité, jugée alarmante, l’État a décidé de prendre les choses en main en lançant une stratégie globale pour juguler le gaspillage énergétique au sein de l’administration. L’Agence pour l’économie et la maîtrise de l’énergie (Aeme) est au cœur de cette initiative ambitieuse. Hier, elle a franchi une étape importante en procédant à l’installation officielle de la première vague de gestionnaires de l’énergie. Ces experts sont considérés comme les piliers d’un plan audacieux visant à réaliser des économies d’énergie de l’ordre de 40 % au sein des structures étatiques.
L’offensive lancée par l’Aeme ambitionne ainsi de transformer la culture énergétique au sein de l’administration en instaurant des pratiques plus vertueuses et en optimisant l’utilisation des ressources. « L’installation de ces gestionnaires représentant les 100 plus gros consommateurs d’énergie –avec 37 % de la consommation et des dépenses d’électricité de l’administration hors éclairage public –n’est que le point de départ d’un programme de grande envergure. L’objectif ultime est de déployer un réseau de 9000 gestionnaires de l’énergie, correspondant au nombre de polices d’abonnement de l’administration », a déclaré Mame Coumba Ndiaye, directrice générale de l’Agence. Selon elle, il est urgent d’agir face à l’ampleur du défi énergétique. Mme Ndiaye a souligné que la situation actuelle exige une mobilisation rapide et efficace de toutes les parties prenantes pour inverser la tendance du gaspillage et garantir une gestion plus durable des ressources énergétiques du pays.
Économiser 32 milliards de FCfa par an Son intervention a mis en lumière l’impératif d’adopter, sans délai, des mesures concrètes pour atténuer l’impact financier et environnemental de la consommation énergétique actuelle. « Les bâtiments administratifs représentent le premier poste de consommation d’électricité au Sénégal. Avec cette première cohorte de 100 gestionnaires, nous posons les bases d’un réseau national qui permettra d’économiser jusqu’à 45 % sur la facture publique, soit près de 32 milliards de FCfa par an », a-t-elle avancé. Cet objectif ambitieux est, à son avis, réalisable grâce à une combinaison de solutions technologiques, réglementaires et comportementales. Pour y arriver, le programme s’articulera autour de quatre axes majeurs : l’efficacité énergétique dans les bâtiments, la gestion rationnelle de l’électricité via des outils digitaux, la diversification des sources d’énergie, notamment le solaire, et la substitution des combustibles polluants. « Nous avons déjà engagé des projets phares, tels que la solarisation des bâtiments administratifs, ou l’optimisation de l’éclairage public. Cela, avec un budget global de 113 milliards de FCfa », a précisé Mame Coumba Ndiaye.
À ce titre, elle a renseigné que des décisions immédiates ont été prises, particulièrement la création de « Brigades de l’énergie » déployées dans les collectivités locales, ainsi que le lancement prochain d’une campagne nationale de sensibilisation. « Chaque geste compte. Éteindre les climatiseurs inutiles, privilégier l’éclairage naturel ou encore utiliser des équipements moins énergivores… Ces bonnes pratiques, portées par nos gestionnaires, feront la différence », a-t-elle insisté. D’ici à 2026, l’Aeme prévoit de former 1.000 gestionnaires supplémentaires, avec l’appui des Agences de sécurité de proximité (Asp). « C’est un marathon, pas un sprint, mais chaque étape franchie nous rapproche de l’autonomie énergétique », a renseigné Mme Ndiaye.