Enfin, la France a osé franchir le pas de la vérité en reconnaissant que Thiaroye 44 fut un massacre. Après 80 ans, les autorités françaises daignent reconnaître leur responsabilité face à cette tragédie. Une double tragédie, devrais-je dire. La première est d’avoir lâchement assassiné des tirailleurs africains qui revendiquaient leurs primes. La seconde est d’avoir voulu à tout prix ensevelir ce pan de l’histoire. Une grande trahison pour ces tirailleurs, principalement recrutés dans les colonies françaises, qui ont joué un rôle majeur lors des conflits militaires, notamment pendant les deux guerres mondiales.
En tant que soldats dévoués, ils ont combattu courageusement aux côtés des forces françaises et ont contribué à l’effort de guerre dans des conditions souvent extrêmes. Malgré leurs sacrifices, ils ont souvent été victimes de discrimination raciale et n’ont pas reçu le traitement équitable qu’ils méritaient en retour. Quelle faute ont-ils commise, sinon celle de revendiquer leur dû, c’est-à-dire les primes financières et les avantages promis en compensation de leurs services ? Cependant, au lieu de recevoir ce qui leur était dû, beaucoup d’entre eux ont été lâchement assassinés.
La France, avec la complicité de certains régimes africains, a toujours voulu mettre sous une chape de plomb cet acte lâche et barbare de son armée. Il est aujourd’hui de notre devoir de réécrire l’histoire. La mémoire de ces tirailleurs doit être honorée afin que les générations futures comprenn ent les sacrifices qu’ils ont consentis pour libérer la France, et en retour, les atrocités qu’ils ont subies.
La commémoration de ce 1er décembre 2024 n’est rien d’autre qu’un nouveau point de départ. La vérité doit être connue. Les événements tragiques de notre histoire doivent être relatés avec exactitude pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli.
La mémoire collective joue un rôle crucial dans la préservation de l’histoire d’une nation et la reconnaissance des sacrifices de ceux qui ont contribué à sa construction. Il est essentiel que la société dans son ensemble prenne conscience de l’importance du devoir de mémoire et de rendre hommage aux tirailleurs lâchement assassinés alors qu’ils revendiquaient leurs primes. Leur sacrifice mérite d’être reconnu et honoré, non seulement en tant qu’individus, mais aussi en tant que témoins d’un chapitre sombre de l’histoire. En préservant et en transmettant leur mémoire, nous contribuons à la création d’une société plus juste et plus équitable pour les générations futures.
P.A.N
Thiaroye 44 : Devoir de mémoire (par Pape Alé Niang)
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