Dans notre édition d’hier, Dr Momar Thiam expert en communication politique a donné son point de vue sur les vagues de transhumants qui déferlent sur les rives électorales de Pastef. A travers cette brève interview, l’éminent communicant reprécise sa pensée que « Le Témoin » a dénaturée dans sa Une.
« Le Témoin » : Certains lecteurs ont mal interprété vos propos jusqu’à parler d’apologie à la transhumance…
Dr Momar Thiam : (Rires). D’abord, permettez-moi de préciser que le titre ne reflète pas le fond de l’article. En aucun cas, il n’y a pas de terme transhumance dans mes propos. Il est vrai qu’en matière de publication, les titres et sous-titres sont de la rédaction. Malheureusement, certains lecteurs ont mal interprété le titre en parlant d’apologie de la transhumance. Comme je l’avais dit, le Premier ministre Ousmane Sonko et tête de liste de Pastef doit faire face à des ralliements et soutiens de tous bords. Et parmi ceux-là, il y a des personnalités de la majorité sortante. Ce qui contribue à s’interroger sur le rejet d’alors de la transhumance politique par le Pastef dans l’opposition. C’est peut-être problématique sur le principe, mais compréhensible dans sa dynamique actuelle compte tenu des enjeux de ces législatives. Et dans cette période cruciale, le Pastef a besoin d’une bonne majorité écrasante à l’Assemblée nationale afin de dérouler son projet de gouvernement sans obstacle. Donc la formation Diomaye-Sonko ne peut se permettre de refuser des soutiens de tous bords, même ceux émanant d’anciens tenants du régime déchu. On est en politique, Ousmane Sonko et son bureau politique ne peuvent refuser des voix et se détourner de mains tendues. Je le répète, Pastef a besoin politiquement de soutiens et de renforts pour rassembler autant de voix et multiplier ses chances de victoire éclatante. Je parle politique puisque nous sommes en politique ! Selon les interprétations des uns et des autres, je ne suis pas dans la catégorie des défenseurs de la transhumance politique. Loin de moi, l’idée d’un tel positionnement. Je crois savoir qu’il y a une interprétation restrictive de mon propos qui figure dans le cœur de l’article pour les besoins d’une titraille « accrocheuse ».
Pensez-vous que cette transhumance peut apporter grand-chose au Pastef ?
Vraiment, je voulais éviter le terme « transhumance » pour qu’il ne fasse pas encore l’objet d’une mauvaise interprétation. Mais je suis convaincu que ni le Président de la République Bassirou Diomaye Faye, ni le Premier ministre Ousmane Sonko n’ont invité ces transhumants à la table des souteneurs comme le faisaient certains tenants du régime déchu, avec des photos ou des vidéos montrant « leurs pêches aux gros ». Vous conviendrez avec moi que les militants et autres sympathisants de Pastef ont fini de démontrer toute leur hostilité face à cette pratique d’un autre genre qui salit la politique dans ce qu’elle a de symbolique dans sa probité morale et éthique.
Les priorités opératoires en politique, c’est l’addition et la multiplication des voix voire des militants, n’est-ce pas ?
Effectivement, comme je l’ai rappelé dans mes propos d’hier, dans une élection comme celle des législatives actuelles, il serait inconcevable pour la direction de Pastef de refuser ou rejeter à coups de déclarations ou de comportements manifestes des soutiens de tous bords même émanant de quelques tenants du régime déchu. Mais alors que dire du Pds (du moins ce qu’il en reste) qui fait bloc en compagnie de l’Apr, sans compter d’autres coalitions plurielles qui regorgent de personnalités politiques qui ne se supportent point mais s’unissent pour multiplier leur chances de gains politiques et autres. je n’oublie pas celles et ceux qui ont quitté l’Apr pour l’ancien Premier ministre Amadou Ba. Le Pastef n’est demandeur de rien je présume, sinon de créer un vaste rassemblement autour de sa tête de liste (Ousmane Sonko) afin de se donner une majorité écrasante qui lui permettrait de dérouler son Projet comme il l’entend pour le bien de tous les Sénégalais.
Le Pastef doit aussi compter sur ses propres forces…
Evidemment ! En politique, il faut toujours savoir compter sur ses propres forces mais aussi ne point refuser des soutiens d’où qu’ils viennent pour un rassemblement conséquent. Et le Pastef a prouvé dans la coalition « Diomaye-Président » lors de la Présidentielle 2024 qu’il est, lui-même, une force électorale. Maintenant comme je l’ai souligné dans mon propos, reste aux tenants du pouvoir de voir après ces législatives quelle évaluation faire de ces soutiens et quelles conclusions en tirer. Je pense que compte tenu de la dynamique de la réédition des comptes en cours et de l’hostilité d’une bonne partie de l’opinion envers le phénomène de transhumance politique, ce sont bien ces souteneurs « encombrants » qui risquent plutôt d’en faire les frais, puisque quoi qu’il en soit, ils feront face au «tribunal de l’opinion» et surtout à une disgrâce latente du pouvoir fort de son principe de gouvernance avec «juup, juubal, jumbanti». Donc je le répète et le réitère, «politiquement, et compte tenu des enjeux de ces législatives, le Pastef a besoin de soutiens de tous bords pour une majorité conséquente dans l’hémicycle au lendemain du 17 novembre 2024.