Dussé-je me tromper, vous avez gagné ma confiance. De mémoire de Sénégalais, jamais un homme politique n’a tenu un discours aussi convaincant que celui du Premier ministre Ousmane Sonko, à l’occasion du meeting organisé par le Pastef, à Ziguinchor, pour les législatives du 17 novembre 2024
Feu le président Léopold Sédar Senghor, au langage poétique, avait mis l’accent, en 1974, sur la sénégalité de la Casamance. Son successeur Abdou Diouf disait en 1993 au stade Aline Sitoé Diatta :si vous voulez rester sénégalais, votez PS.
A son avènement au pouvoir en l’an 2000, le Président Abdoulaye Wade promettait de mettre fin, sans tarder, à la rébellion. Quant à Macky Sall, son option militariste a fait bouger les lignes certes, mais il n’en demeure pas moins que la situation de ni guerre ni paix continue de compromettre l’essor économique de la région.
Et comme pour boucler la boucle, mettre un terme aux soupçons et accusations, le Premier ministre Ousmane Sonko a battu en brèche toutes les vues de l’esprit tendant à le présenter comme un complice des maquisards.
Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, nous sommes un État unitaire, où les mêmes réalités vont s’appliquer sur chaque portion du territoire national, a-t-il déclaré d’un ton ferme. L’intégrité territoriale restera donc intacte.
Son intervention au meeting de Ziguinchor peut être assimilée au discours de la méthode dans le Pôle Sud (la Casamance naturelle) constitué des régions administratives de Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Il a décliné, en des termes cohérents, les axes fondamentaux d’une politique territoriale de laquelle résulteront les indicateurs fiables du développement économique et social durable de la Casamance, à l’instar des processus qui seront déroulés dans les autres terroirs avec leurs particularités.
Au Pôle Sud, l’Agence nationale pour la reconstruction de la Casamance (Anrac) sera la cheville ouvrière dotée de moyens financiers et matériels conséquents. Cependant, l’Anrac, version plan Diomaye pour la Casamance, doit être une structure exempte de tout tâtonnement, tant dans ses interventions techniques que dans la gestion des ressources financières.
L’espoir est permis !
De prime abord, l’Agence gagnerait à faire l’évaluation de l’ensemble des opérations qu’elle a réalisées pendant ses dix premières années.
Ensuite elle tirera à nouveau les enseignements des expériences de l’ensemble des structures qui ont opéré dans la région. Il s’agit principalement de la société de mise en valeur agricole de la Casamance (Somivac), du Projet intégré de développement agricole de la Casamance (Pidac), du Projet rural de Sédhiou (Prs), du Projet intégré de la moyenne Casamance (Primoca) et de la société de développement agricole et industriel (Sodagri). Cette dernière est la seule survivante de la fameuse nouvelle politique agricole, des années 80, qui a conduit à l’appauvrissement du monde rural. Toutefois, la Sodagri doit faire montre de plus d’expertise technique et d’habileté sociologique, pour surmonter, voire balayer les obstacles qui retardent la mise en valeur de 16000 hectares disponibles pour la diversification des cultures. Les barrages de confluence et de garde construits respectivement en 1984 et 1995, sur la Kayanga et à Niandouba dans le département de Velingara sont bien structurés pour atteindre les objectifs de production agricole. S’il est nécessaire de les reconfigurer, les investissements prévus au Pôle Sud y apporteront sans doute le complément.
Pour en revenir à l’Agence nationale pour la reconstruction de la Casamance, elle peut à partir des acquis capitalisés et des échecs qui éclaireront sa voie, disposer d’arguments techniques assez consistants pour dérouler efficacement sa lettre de mission.
Le développement escompté sera réalisé avec l’exploitation et la transformation des potentialités économiques du pôle Sud.
L’agriculture, l’agroforesterie, la pêche, les gisements de zircon et phosphate et le pétrole dans le département d’Oussouye constituent des atouts qui favoriseront la réalisation d’unités de transformation et bien d’autres infrastructures structurantes. Avec autant de perspectives, les populations de la Casamance auront sans doute les moyens de se hisser au rang d’opérateurs économiques performants.
L’espoir est permis dans un pays où la volonté de reconstruction et la probité dans la gouvernance des ressources naturelles et humaines sont portées par des Sénégalais tout aussi déterminés que ceux qu’ils ont portés au pouvoir le 24 mars 2024.