Selon un éditorial de Marwane Ben Yahmed, directeur de publication de Jeune Afrique (JA), le Sénégal continue d’affirmer sa singularité démocratique en Afrique de l’Ouest, particulièrement à l’heure où les coups d’État militaires se multiplient dans la région.
D’après l’éditorialiste de JA, l’élection de Bassirou Diomaye Faye en mars dernier, avec 57% des suffrages et une participation massive, constitue « une troisième alternance politique » historique, démontrant la maturité démocratique du pays.
La spécificité sénégalaise, souligne le directeur de publication, réside dans la solidité de ses institutions : « Au pays de la Teranga, impossible de faire dire aux urnes autre chose que ce que les citoyens ont exprimé. Les institutions, à commencer par le Conseil constitutionnel, jouent pleinement leur rôle. »
Cette culture démocratique, rappelle Jeune Afrique, s’est notamment manifestée lors des départs d’Abdou Diouf et d’Abdoulaye Wade. « Si les électeurs ne veulent plus de vous ou de vos dauphins désignés, malgré votre puissance financière et institutionnelle […] la seule issue est… la sortie », écrit Ben Yahmed.
Concernant le nouveau pouvoir, l’éditorialiste observe que le tandem Faye-Sonko adopte une position ambivalente, entre « rupture nette et sens des responsabilités ». Les premiers mois sont marqués par un « serrage de vis » caractérisé par une forte pression fiscale et des audits multiples.
L’opposition, note Jeune Afrique, commence à se réorganiser. Macky Sall, à la tête de la coalition Takku Wallu Sénégal, cherche à « brider l’action réformiste de ses anciens opposants », tandis qu’Amadou Ba tente d’incarner une « troisième voie ».
Ben Yahmed conclut son analyse en rappelant que si le duo au pouvoir venait à décevoir, les Sénégalais sauront, comme ils l’ont toujours fait, exercer leur droit démocratique. « L’expérience mérite d’être vécue, c’est l’essence même de la démocratie », affirme-t-il.