Guinée: la moitié des partis politiques dissous ou suspendus par le gouvernement

par pierre Dieme

C’est dans un long rapport de 180 pages que le ministère de l’Administration du territoire de Guinée  a présenté le bilan de la campagne d’évaluation des partis lancée en juin dernier. Une évaluation que le ministre Ibrahim Khalila Condé justifie comme un assainissement de l’espace politique guinéen.
Sur 174 formations évaluées, aucune n’est totalement en règle. Une cinquantaine ont été tout simplement dissoutes, une autre cinquantaine ont été suspendues à cause d’un agrément non valide, d’une absence de compte bancaire ou encore d’une direction trop opaque. Il leur reste trois mois pour se mettre en règle.

Camara Touré Djénabou, coordinatrice de la réforme et la modernisation de l’état civil et de l’identification au ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, a répondu au micro de notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah. Elle précise : « Le résultat final, c’est que pour 53 partis politiques, ce sont des agréments illisibles, ou des agréments qui ont des signatures falsifiées de ministres de la République, vous allez avoir également des partis politiques qui ont été créés depuis 1991 ou 1992, qui n’ont jamais eu de compte bancaire. D’autres qui sont mis sous observation, cela veut dire que sur les critères d’établissement qu’on a établi, vous avez certains qui ont au moins 70 % des points. On les met en observation pour que les 30 points à compléter, ils puissent les compléter dans les trois mois à venir ».

Un ultimatum pour les principales formations

Cet ultimatum de trois mois concerne de nombreux partis, dont les principales formations de Guinée, notamment le RPG, l’UFDG et l’UFR, pour ne pas avoir tenu de congrès ou pour une absence de preuve de paiement des cotisations, entre autres. Elles peuvent poursuivre leurs activités, mais doivent impérativement régulariser leur situation dans les trois mois.

Cela n’inquiète pas particulièrement l’Union des Forces Démocratiques de Guinée explique le responsable de la communication de l’UFDG, Souleymane de Souza Konaté : « l’évaluation en soi, nous à l’UFDG, nous l’avons toujours dit, c’est d’ordre normal des choses que le MATD (Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation) évalue les entités dont il a la charge. C’est à ce titre que nous nous sommes prêtés à l’exercice par ce que nous l’avons trouvé légitime ».

Les partis du président déchu Alpha Condé  et des opposants Cellou Alain Diallo et Sidya Touré sont donc sous la menace d’une suspension, alors que les trois leaders sont toujours en exil.

La mesure est qualifiée par les opposants au CNRD de subterfuge pour exclure des leaders charismatiques du jeu politique, alors qu’une candidature du président de transition, Mamadi Doumbouya, semble de plus en plus probable.

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