Ce lundi 14 octobre 2024, le régime du président Bassirou Diomaye Faye a présenté sa « Stratégie Nationale de Développement » (SND) pour la période 2025-2029. Ce document ambitieux vise à transformer en profondeur l’économie et la société sénégalaises autour d’une vision : faire du Sénégal un pays « Souverain, Juste et Prospère » à l’horizon 2050.
La SND s’articule autour de quatre axes stratégiques : une économie compétitive, un capital humain de qualité, un aménagement durable du territoire et une bonne gouvernance. Elle se fixe comme objectif global de « promouvoir un développement endogène et durable, porté par des territoires responsables, viables et compétitifs, et jetant les bases de la souveraineté nationale ».
Parmi les objectifs chiffrés, le gouvernement vise une croissance moyenne de 6,5% sur la période, une réduction du ratio de la dette publique à 60,6% du PIB d’ici 2029 (contre 73,6% en 2023), et une augmentation de l’indice de développement humain de 0,511 à 0,581.
La stratégie prévoit un vaste plan d’investissement de 18 496 milliards de FCFA sur cinq ans, dont 12 821 milliards financés par l’État et 5 675 milliards par le secteur privé. Les secteurs prioritaires incluent l’agriculture (10,5% des investissements publics), les transports (11,2%), l’éducation (10%), et la santé (6,2%).
Un accent particulier est mis sur le développement des pôles territoriaux et la décentralisation, avec une répartition plus équilibrée des investissements entre les régions. La région de Dakar reste prépondérante avec cependant 36,7% des dépenses prévues.
La SND prévoit également d’importantes réformes, notamment dans la décentralisation, les finances publiques, le foncier et l’environnement des affaires. L’objectif est de favoriser l’émergence d’un secteur privé national fort et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des financements extérieurs.
Dans le domaine énergétique, le gouvernement compte porter la part des énergies renouvelables à 36,1% du mix électrique d’ici 2029. Il prévoit aussi de réduire drastiquement les subventions à l’énergie, de 4% du PIB actuellement à moins de 1 % en 2029, grâce notamment à la stratégie « gas to power » utilisant les ressources gazières nationales.
La stratégie d’endettement vise à réduire progressivement la part de la dette extérieure au profit de la dette intérieure, passant de 76% à 65% de la dette totale d’ici 2029. Le gouvernement compte s’appuyer davantage sur le marché financier régional et des instruments innovants comme les « diaspora bonds ».
Enfin, la SND prévoit de mobiliser la diaspora sénégalaise autour de cet agenda de développement, à travers des mesures incitatives pour l’investissement et le transfert de compétences.
Cette nouvelle stratégie marque une rupture avec les politiques précédentes, en mettant l’accent sur un développement endogène, une plus grande responsabilité des acteurs locaux, et une réduction de la dépendance extérieure. Sa mise en œuvre efficace et son impact réel sur l’économie et la société sénégalaises seront observés de près dans les années à venir.