Malgré son départ de la présidence, Macky Sall espère toujours peser sur la vie politique sénégalaise et a décidé de s’allier avec ses frères libéraux du Pds, du Rewmi et de Bokk gis-gis. Que cherche-t-il, après avoir savonné la planche à son dauphin, qui a récupéré les partis constitutifs de Benno et des cadres de l’Apr qui avaient soutenu sa candidature en dépit des vents contraires provoqués par son parti ?
Il y a un marqueur pour les Législatives qui permet de revoir le passé dans un miroir. Car le ciel s’est dégagé pour avoir une meilleure vue sur la situation pré-Présidentielle jusqu’à la proclamation des résultats le 24 mars. Amadou Ba est resté avec ses soutiens issus des partis de la Gauche et des apparatchiks de l’Alliance pour la République (Apr). Lesquels ont appuyé sa candidature en dépit du mort d’ordre de boycott de celle-ci devenu désormais une vérité amère pour l’ex-parti au pouvoir dont les principaux responsables se retrouvent dans le viseur de la Justice à quelques semaines du début de la campagne électorale. La Coalition Jamm ak Njaarin, mise en place par Amadou Ba, qui balise son chemin vers la Place Soweto, est constituée du Ps, de l’Afp, du Pit, de la Ld, et de la Nouvelle Responsabilité dont les grandes figures sont Cheikh Oumar Anne, Aliou Sall, Abdou Latif Coulibaly, Zahra Iyane Thiam, en plus du ralliement d’autres ex-responsables de l’Apr. On parle de 600 maires et élus.
Aujourd’hui, Amadou Ba est donc le continuateur de la Coalition Benno bokk yaakaar, enterrée par Macky Sall par un simple communiqué à la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale. Dans ses rangs, certains l’appellent même «Benno plus». En dissolvant cette structure qui a fédéré de grands partis, Macky Sall a voulu disperser son électorat, convoité par l’ancien candidat à la présidentielle. Pour l’Apr, c’est une blessure qui saigne encore après avoir perdu le pouvoir en croisant les doigts en guise de respect d’un «Sall» mot d’ordre. Aujourd’hui, elle joue son avenir après avoir dirigé ce pays pendant 12 ans. Comment ranimer les foules après avoir perdu le pouvoir, il y a à peine 6 mois ?
En décidant de laisser son parti dans une organisation sommaire pour mieux asseoir son pouvoir et étouffer les ambitions de ses militants, Macky Sall a quitté le sommet de l’Etat sans laisser un jardinier pour entretenir son legs. Cet héritage échoue entre les mains de plusieurs personnalités avec moins d’envergure, même s’il a décidé de suivre le chemin tracé par Me Abdoulaye Wade : garder la main sur son parti qui continue de subir des départs vers la Nouvelle Responsabilité. Il a décidé de reconstruire l’avenir sur les ruines du passé. Ce futur, composé de l’Apr, du Pds, de Rewmi et de Bokk gis-gis, précipite la reconstitution ou la réconciliation de la famille libérale, qui a mis une coalition pour le scrutin du 17 novembre. Macky, Idy, Karim et Pape Diop ont créé Takku wallu Senegaal pour espérer triompher dans deux mois. Cela permettra de mesurer le véritable poids politique de l’Apr, du Pds, de Rewmi et de Bokk gis-gis, après la présidentielle du 24 mars qui a complètement modifié la carte électorale du pays. Idy a perdu en notoriété et en électorat, le Pds reste une énigme difficile à déchiffrer, surtout qu’il a raté deux scrutins présidentiels, alors que Bgg n’a jamais réussi à décoller. Et Macky et Karim, qui ont opté pour une gestion digitalisée de leurs formations politiques, pourront-ils peser sur la balance ?
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