Le Premier ministre a récemment pris position contre l’interdiction du port du voile dans les établissements scolaires. Si des associations musulmanes approuvent cette décision, et demandant même aux autorités de ne céder à aucune pression, Bès Bi révèle que des Chrétiens ont également donné leur avis sur la question, en rappelant à Ousmane Sonko «l’apport de l’Église» au combat qui l’a porté au pouvoir.
Le débat sur le port du voile à l’école, soulevé mardi dernier, par le Premier ministre, lors du cocktail offert aux lauréats du Concours général, continue de faire rage. «Certaines choses ne peu- vent plus être tolérées dans ce pays. En Europe, ils nous parlent constamment de leur modèle de vie et de style, mais cela leur appartient. Au Sénégal, nous ne permet- trons plus à certaines écoles d’interdire le port du voile», avait déclaré Ousmane Sonko. Qui ajoutait qu’il ne sera plus question de tolérer de telles restrictions. Et avec des menaces pas du tout à peine voilée : «Gare à ces institutions qui refuseront d’accepter une fille simplement parce qu’elle est voilée». Cette annonce du Premier ministre rappelle l’interdiction du port du voile par l’établissement scolaire privé catholique Sainte-Jeanne d’Arc de Dakar, en 2019. Ce qui avait suscité un grand débat dans un pays majoritairement musulman, provoquant ainsi une levée de boucliers de plusieurs associations islamiques et de guides religieux. Seulement, la réaction chez les Chrétiens ne s’est pas fait attendre. Des voix se sont en effet levées, hier, pour répondre au chef du gouvernement.
B. Barthélémy Ndiaye rappelle à Sonko l’apport de l’Eglise
Dans une note, B. Barthélémy Ndiaye a tenu à faire un rappel au Premier ministre sur «l’apport de l’Église» à la lutte qui l’a porté aujourd’hui là où il est pour pouvoir prendre ce genre de décision. «Sonko promet de s’attaquer à certains établissements scolaires qui interdisent le port du voile. Je pense qu’il s’adresse au secteur privé catholique et il faut oser le dire. Cette minorité qu’il minimise a été d’un grand apport durant les rencontres de Diamniadio, celles relatives au report des élections. C’est resté dans nos mémoires et courageusement l’Eglise, à travers la réponse de Abraham Tine, président du laïcat, a osé dire la vérité au président de la République, Macky Sall devant un parterre de représentants sénégalais toutes catégories civiles et religieuses, qui pour la plupart ont fait profil bas. La suite a donné raison à l’Eglise», a-t-il indiqué. M. Ndiaye qui ne digère pas cette sortie est allé plus loin avec une comparai- son. «Il y a, au Sénégal, des cités religieuses où l’enseignement occidental y est interdit à la limite, où la charia y est presque imposée et personne n’en parle au détriment des citoyens qui sont obligés d’envoyer leurs enfants ailleurs pour apprendre. Les priorités sont nombreuses et ailleurs comme les enfants dans la rue, etc. Le président de la République, M. Bassirou Diomaye D. Faye a démarré son cursus scolaire dans le seul établissement scolaire qui existait dans son village et il connaît bien la valeur de cette institution», a-t-il dit. Avant de conclure : «Je m’attendais à des félicitations, voire des encouragements au Privé catholique compte tenu des résultats et autres performances obtenus. Certes, nous sommes une minorité en tenant compte du nombre, mais puissante du fait de l’esprit qui nous anime et qui est le Saint- Esprit».
Philippe M. Dione rappelle au Premier ministre son « devoir d’équidistance envers toutes les obédiences religieuses »
Abondant dans le même sens, Philippe Malick Dione a rappelé au Premier ministre que «le Sénégal est composé de personnes d’obédiences religieuses différentes. La foi, c’est la foi. Aucune ne vaut plus que l’autre». Et, dit-il, «de la même sorte que vous n’allez plus accepter que certaines écoles interdisent le voile, il faut obliger les autres établissements à accepter des filles non voilées, au nom du principe de l’égalité des droits que vous avez souligné. Les règlements intérieurs des établissements sont conformes à la Constitution, notre charte fondamentale. Aucun parent n’est obligé d’inscrire son enfant dans un quelconque établissement, de surcroît privé». M. Dione ajoute : «Si en tant qu’Exécutif, vous prenez part pour une frange de la population, nous sommes par conséquent obligés de vous rappeler votre devoir d’équidistance envers toutes les obédiences religieuses, jusqu’à ce que la Constitution en décide autrement. Nous attendons d’ailleurs ce jour qui ne pourra être que mémorable».