LE DG DE LA SAR RASSURE ET ANNONCE LE DEBUT DU RAFFINAGE DU BRUT DE SANGOMAR EN SEPTEMBRE

par pierre Dieme

Mamadou Abib Diop, Directeur général de la Société Africaine de Raffinage (SAR), revient largement sur les perspectives de l’exploitation pétrolière au Sénégal. Il assure que la SAR a pris toutes les dispositions nécessaires pour accompagner les autorités. Pour ce faire, les capacités de stockage et de raffinage de la société seront considérablement augmentées pour accueillir, dès le mois de septembre prochain, le brut extrait du gisement de Sangomar.

Après une longue attente de plus d’une décennie, une nouvelle ère s’ouvre pour le Sénégal. L’annonce par la compagnie australienne Woodside Energy du début de l’extraction de pétrole du champ de Sangomar (à 100 km de Dakar) le 11 juin dernier suscite de l’espoir. Actuellement, les questions qui taraudent l’esprit des Sénégalais concernent l’utilisation à bon escient de cet or noir produit dans notre pays. Pour éclairer la lanterne de nos compatriotes, Mamadou Abib Diop, Directeur général de la Société Africaine de Raffinage (SAR), souligne que son entreprise a anticipé l’exploitation du pétrole de Sangomar depuis deux ans. C’est pour cela qu’elle a augmenté ses capacités de raffinage. Dans ce cadre, la SAR est passée de 1,2 million de tonnes à 1,5 million de tonnes par an pour pouvoir raffiner au maximum le pétrole brut extrait de ce gisement. « Nous avons augmenté nos capacités en investissant 50 milliards de francs CFA. Mais avant de démarrer le raffinage, il y a une série d’échantillons qui doivent être analysés. Pour le moment, nous n’avons reçu que deux échantillons. Les autres échantillons représentatifs seront recueillis au mois de septembre pour les adapter à notre processus et obtenir le maximum de rendement dans l’exploitation du pétrole », explique le nouveau directeur général. Si toutes ces conditions sont réunies, assure-t-il, le raffinage du pétrole va officiellement démarrer au mois de septembre. Mamadou Abib Diop tient cependant à souligner la complexité des activités de la SAR. En effet, pour le bon fonctionnement du pays, la Société Africaine de Raffinage doit garantir un stock de sécurité en conformité avec le décret de 1998. « Avant de raffiner le brut de Sangomar, il fallait que nous respections nos engagements concernant le stock de sécurité, le temps d’analyser les échantillons promis par Woodside au mois de septembre », précise-t-il.

«Nous allons même pouvoir dépasser les besoins du marché national »

En ce qui concerne les ressources humaines pour mener à bien le raffinage du pétrole, Mamadou Abib Diop soutient que la SAR dispose des outils techniques et de la capacité de stockage pour traiter toutes sortes de bruts de Sangomar. « La Société Africaine de Raffinage va même au-delà avec la mise en place du projet SAR 2.0 pour passer de 1,5 million de tonnes à 5 millions de tonnes par an. Dans ce cadre, nous allons dépasser les besoins du marché national. Nous pourrons même exporter du pétrole dans la sous-région », ambitionne-t-il. L’objectif visé est d’assurer l’autosuffisance de notre pays en hydrocarbures. De nouvelles unités de stockage sont prévues dansle port de Bargny Sendou. « La SAR compte s’agrandir. Le but visé est d’absorber tout le pétrole exploité dans le gisement de Sangomar. Pour le moment, Woodside ne peut produire que 100 000 barils par jour. On s’attend à ce que la cadence soit augmentée dans les années suivantes », confie encore Mamadou Abib Diop.

Le Directeur général de la SAR informe toutefois que sa société ne veut pas se précipiter. « Notre but est de faire tous les réglages nécessaires pour un rendement bénéfique. Notre raffinage comporte plusieurs produits, notamment le super, le gasoil, le naphta, etc. Mais compte tenu de la forte demande de gasoil au Sénégal, nous allons en produire le maximum pour alimenter le marché national », affirme-t-il. La SAR a pour objectif, selon lui, de soulager l’État par rapport à la subvention des prix. La Société Africaine de Raffinage veut accompagner les autorités en optimisant les coûts et en augmentant ses capacités pour répondre aux besoins de la population. Jusque-là, le Sénégal importait du pétrole depuis le Nigéria. Mais avec l’exploitation du pétrole de Sangomar, les coûts de transport et de logistique vont être considérablement réduits, explique notre interlocuteur.

Interrogé sur la question de la réduction des prix à la pompe et de l’électricité, le Directeur général de la SAR répond que cala est une compétence de l’État. « Il faut que nous soyons clairs. La structure des prix est fixée par les autorités selon le décret 2014-15-64 du 24 novembre 2014 en prenant en compte les prix internationaux et d’autres frais y afférents. Donc c’est une prérogative de l’État, pas de la SAR », avance-t-il.

Vers une diversification des activités de la SAR

Par ailleurs, Mamadou Abib Diop révèle que la SAR va même diversifier ses activités. Dans les années à venir, explique-t-il, la SAR se tournera vers la pétrochimie, qui est une activité dérivée du raffinage. Cela permettra de recycler de l’urée, qui est « très utile » pour l’agriculture. Il y a également la plasturgie, le propylène et l’huile moteur. « Ces produits sont très demandés non seulement sur le marché local mais également dans les pays de la sous-région. Tous ces produits vont permettre de générer une valeur ajoutée énorme et un retour sur investissement », affirme-t-il. Au fil des années, l’urbanisation galopante n’a pas épargné les alentours de la Société Africaine de Raffinage (SAR). Concernant cette question, Mamadou Abib Diop explique que la SAR réalise chaque année des études de danger selon divers scénarii. Les résultats confirment l’existence d’une zone de sécurité pour protéger les populations des dangers potentiels. « La sécurité est notre priorité. C’est pour cela que nos prochaines unités de stockage seront construites hors du site actuel pour ne pas impacter les riverains », ajoute le nouveau directeur général de la SAR.

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