Les quotidiens parvenus jeudi à l’APS se font l’écho du débat autour de la déclaration de politique générale pas encore effectuée par le Premier ministre Ousmane Sonko, quelque trois mois après sa nomination à la tête du gouvernement sénégalais.
Les députés du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, qui appartiennent au camp du nouveau pouvoir incarné par le président Bassirou Diomaye Faye et son chef de gouvernement, “ont souligné, hier [mercredi, lors d’une conférence de presse], une +incohérence+ dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale”, rapporte Le Soleil.
Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale “ne tient plus compte du poste de Premier ministre depuis sa dernière modification en 2019”. Et comme “conséquence directe” de ce manquement, les députés de Yewwi Askan Wi évoquent “l’impossibilité d’une déclaration de politique générale”, écrit Le Soleil.
Le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi se veut “formel : le débat autour de la déclaration de politique générale agité par l’ancien parti au pouvoir et ses partisans, n’oblige pas l’actuel chef du gouvernement, Ousmane Sonko”, note Sud Quotidien.
“Pour Ayib Daffé et les députés de Yewwi, ajoute le journal, l’audition du Premier ministre devant la quatorzième législature est +actuellement impossible+. Pour la simple raison que” cette question, de même que celles relatives à “la motion de censure et à la question de confiance sont abrogés dans la nouvelle version du règlement intérieur de l’Assemblée nationale”.
Le quotidien Yoor-Yoor, citant le député Ayib Daffé, reprend le même argumentaire, en affirmant qu’il n’y a actuellement “aucune disposition pour l’organisation d’une déclaration de politique générale, d’une motion de censure et d’une question de confiance”.
“Yewwi décharge Sonko”, affiche à ce sujet Walfquotidien. “Si l’on se fie aux explications des députés du groupe parlementaire de Yewwi, le Premier ministre Ousmane Sonko ne fera pas de déclaration de politique générale […]”, écrit le journal. L’audition du chef du gouvernement ne figurant “pas dans le règlement intérieur, selon eux, elle est donc impossible pour le moment”, ajoute Walfquotidien.
”Grosse faille” dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale
Yewwi Askan Wi “censure” la déclaration de politique générale, car si le discours de politique générale est bel et bien prévu dans la Constitution, elle “ne figure pas dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, souligne le journal Le Quotidien citant le même député.
“Ayib Daffé parle de falsification de document en y rajoutant des dispositions qui n’ont pas fait l’objet de révision”, poursuit la même publication. Vox Populi évoque une “grosse faille dans le règlement intérieur de l’Assemblée nationale”, avant de titrer : “L’improbable déclaration de politique générale du Premier ministre”.
Un “imbroglio”, relève le quotidien Enquête en reprenant les mêmes arguments servis par le député Ayib Daffé, comme le quotidien 24 Heures, L’Evidence ou Rewmi quotidien. “Sonko jouera en différé”, affiche ce dernier quotidien, pour dire que l’adresse du Premier ministre à l’Assemblée va être renvoyée à plus tard.
“Yewwi au secours de Sonko”, lit-on à la une du quotidien Bès Bi Le Jour, qui cite un autre député, à savoir Abbas Fall, lequel déclare ce qui suit : “Nous allons saisir le PM, mais c’est à lui de décider”. “Ça sent le dilatoire”, selon Source A.
Au-delà des arguments servis par les députés de Yewwi Askan Wi, Tribune s’interroge : “De quoi Sonko a-t-il vraiment peur ?”. Le quotidien L’As fait sienne la même interrogation, estimant que le fait d’être minoritaire à l’Assemblée nationale ne peut pas justifier que le PM soit exempté de la déclaration de politique générale.
“Même si le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne le dit pas, il devrait quand même obtenir l’onction politique des populations pour conduire la politique de la nation. Il doit donc se présenter devant elle pour leur dire ce qu’il entend faire”, commente L’As.
L’ancienne ministre Zahra Iyane Thiam, membre de l’Alliance pour la République (APS), formation politique de l’ancien président Macky Sall, défend un peu la même position. “Il n’existe aucune obligation légale stipulant un délai de 3 mois pour cette présentation, mais la déclaration de politique générale, présentée dans un délai raisonnable […]”, peut renforcer la position politique du Premier ministre, dit-elle.
Les motions de censure ”n’ont jamais prospéré”
L’ancien député Babacar Gaye fait observer que la déclaration de politique générale “est une obligation institutionnelle”, avant d’assener à la une du quotidien Les Echos : “On ne peut pas se cacher derrière des manquements de l’Assemblée nationale pour exempter le PM”.
Le Quotidien estime que Yewwi Askan Wi “accepte pour Sonko ce qu’elle a refusé pour Amadou Ba”, le dernier Premier ministre en poste sous présidence de Macky Sall, qui a cédé le pouvoir à son successeur début avril dernier. “En proposant une motion de censure contre Amadou Ba, les députés ne savaient-ils pas que le règlement intérieur de l’Assemblée nationale était +falsifié+ ?”, se demande Le Quotidien.
“La déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Ousmane Sonko est sur toutes les lèvres, alors que le chef du gouvernement a encore du temps, si l’on se réfère au délai de 90 jours [qui lui est imparti]. Mieux, l’histoire a montré que de 2000 à nos jours, les chefs de gouvernement n’ont pas toujours respecté ce délai”, avance L’info.
“S’agissant de la motion de censure qui pourrait être déposée contre son gouvernement, relève écrit le journal, le patron de la primature ne devrait pas non plus avoir de soucis à se faire, même si la configuration de l’Assemblée nationale a fortement changé”.
Le journal ajoute que l’histoire a montré que les motions de censure “peuvent être gênantes, mais […] n’ont jamais prospéré, sauf contre le gouvernement de” Mamadou Dia, au début des années 1960, “dans un contexte de désaccord entre lui et le président Senghor et dans des conditions rocambolesques”.
Le Soleil s’affranchit un moment de ce sujet quelque peu polémique pour un plus consensuel qui fait sa une. Le président Bassirou Diomaye Faye “dessine les contours” des nouvelles politiques industrielles et budgétaires, peut-on lire à la une du journal.
Il rapporte que lors du Conseil des ministres tenu mercredi, le chef de l’Etat “a exposé au gouvernement sa vision en matière de conduite budgétaire et le nouveau programme national de restructuration et de réhabilitation du tissu industriel”.