À Dakar, les rumeurs d’une augmentation du prix du riz vont bon train et inquiètent les consommateurs. Cependant, un petit tour à Castors auprès des commerçants locaux permet de se rendre compte que cette hausse n’est pas une réalité. Reportage.
Il est 11 heures au marché Castors, un coin à mi=chemin entre la banlieue et le centre ville de Dakar. À l’entrée, une foule de jeunes déambule entre les passants, proposant de porter des courses. Non loin de là, un camion de ramassage stationné dégage une odeur nauséabonde qui se mêle à celle des poissons vendus par des femmes assises devant leurs étals, aspergeant de l’eau négligemment sur leurs marchandises bien achalandées pour les maintenir fraîches.
En traversant le marché, on arrive à la boutique de Pape, un grossiste. Ce dernier, vêtu d’un maillot de football, est plongé dans ses factures. Sa boutique grouille de clients venus chercher toute sorte de produits alimentaires. Après cinq minutes d’attente, il accepte de nous accorder un peu de son temps pour discuter de la nouvelle qui défraie l’actualité : l’augmentation supposée du prix du riz, qui serait passé de 300 à 500 francs CFA le kilo.
Selon Pape, interviewé par PressAfrik, le prix du riz n’a pas augmenté, qu’il soit parfumé ou non. « Depuis l’arrivée du nouveau gouvernement, le prix des denrées alimentaires est resté stable. S’il n’y a pas eu de baisse, il n’y a pas eu d’augmentations non plus. Le sac de 50 kilos de riz non parfumé, qui coûtait entre 19 500 et 19 000 francs, se vend maintenant à 19 000 francs à Dakar et jusqu’à 20 000 francs dans les régions. Pour le riz parfumé, le prix est resté stable. La semaine dernière, les fournisseurs du riz ‘prestige’, la famille Ndiaye, avaient diminué de 5 000 francs par tonne, mais cette réduction a été annulée lors de la commande suivante », explique-t-il.
Il ajoute que les prix des denrées peuvent fluctuer en fonction des humeurs des fournisseurs. « Le prix de l’huile a même baissé de 1 000 francs, la bouteille de 20 litres coûtant maintenant 18 000 francs contre 19 000 précédemment. Ce que je peux dire, c’est que nous, les commerçants, qui achetons directement aux importateurs, vendons à des prix normaux, mais certains détaillants maintiennent des prix élevés. »
Après avoir fait le tour d’une quinzaine de boutiques, le constat est le même : le prix du riz n’a pas changé. Abdou, un autre grossiste, soutient qu’il n’était pas au courant de la hausse supposée. Vêtu d’un t-shirt rouge, il s’active à descendre un paquet de thé pour un client. « Franchement, je ne suis pas au courant d’une quelconque hausse! De mon côté, je vends le sac de riz au même prix depuis quelques mois », affirme-t-il, ajoutant que le sac de 50 kilos de riz non parfumé se vend toujours à 19 500 francs, et celui de riz parfumé à 23 500 francs.
À quelques mètres de là, la boutique de Badara expose également des sacs de riz en façade. Le commerçant, en pleine conversation téléphonique, déclare n’avoir pris connaissance d’aucune augmentation. « Peut-être s’agit-il d’un malentendu », dit-il. « Le prix d’un sac de riz peut varier en raison des coûts de stockage et des différents fournisseurs. Certains grossistes maintiennent des prix élevés pour leur intérêt. Des différences de prix de 500 francs peuvent faire croire à une augmentation, mais c’est souvent lié aux prix des fournisseurs. Nous cherchons à vendre nos produits à des prix accessibles. »
Le marché Castors est en effervescence, mais les commerçants assurent que les prix du riz n’ont pas changé de manière significative. Les fluctuations constatées sont attribuées aux variations des coûts des fournisseurs et des stocks. « Nous sommes tous des pères de famille et nous n’aimons pas vendre à des prix élevés aux Sénégalais car la vie est difficile », conclut Pape.
Ainsi, malgré les rumeurs d’augmentation, la réalité sur le terrain montre une stabilité des prix, signe que le marché reste, pour le moment, sous contrôle..
Ndeye Fatou Touré