Me Oumar Youm sur le nouveau régime: « tant que le projet n’est pas prêt à l’emploi, les errances feront partie de la gouvernance »

par pierre Dieme

Dans un entretien accordé au journal L’Observateur, l’ex ministre des Forces armées sous le régime du président Sall, maitre Oumar Youm est revenu sur plusieurs questions après leur déchéance du pouvoir mais aussi les questions de l’actualité notamment avec le Président Diomaye. Selon lui, la « volonté y est mais elle ne suffit pas. »

C’est peut-être la première fois qu’il accorde un entretien d’une telle envergure après la défaite de l’APR à la dernière présidentielle. Maître Oumar Youm a parlé en long et en large de leur défaite, de la santé du parti, de la relation entre Macky Sall, Amadou Bâ, et le nouveau Président. Concernant le gouvernement actuel, il estime que la « volonté y est, mais que cette volonté ne suffit pas ». Pour lui, « l’hésitation palpable est ressentie et est due à une impréparation de l’équipe actuelle ainsi qu’à l’absence d’un programme clair et concret à mettre en œuvre. »
Il ajoute que tant que « le Projet » (en référence au programme de campagne de la coalition Diomaye président) « n’est pas encore prêt à l’emploi, les errances feront malheureusement partie de la gouvernance. D’ici décembre 2024, en principe, les tenants du pouvoir doivent éviter de prendre des mesures inefficaces qui remettraient en cause la confiance que tout citoyen ou investisseur devrait avoir en un État garant de la stabilité économique et sociale du pays. Maître Youm souligne que certains discours et certaines mesures ne font que susciter des remous, de la méfiance et des conflits, alors que la priorité du pays en ce moment est la stabilité, la tranquillité et la paix pour bien rendre service. »
L’entretien a également été l’occasion de parler de la justice, notamment avec le lancement prévu des Assises de la Justice (28 mai). L’avocat se réjouit de cette organisation car, estime-t-il, en démocratie, « il faut toujours des espaces de débats et d’échanges permettant d’améliorer la marche de nos institutions, dont la Justice est l’une des plus importantes. Selon lui, l’écoute est essentielle dans la gouvernance d’un pays. »
Concernant les attentes de ces Assises, Maître Youm pense que globalement le Sénégal a une « bonne justice » et qu’il faut se « garder de juger » au regard des pratiques du Procureur, souvent décriées à tort ou à raison par les politiques. De son point de vue, le Sénégal dispose d’une excellente organisation de sa justice, qui est fonctionnelle et produit généralement de bonnes décisions, même s’il reconnaît qu’il y a des choses à améliorer et à parfaire, comme dans toute œuvre humaine. Oumar Youm plaide cependant pour un nécessaire « réaménagement sur le plan pénal, notamment en ce qui concerne les détentions systématiques et les longues détentions. »
En ce qui concerne les annonces faites sur le foncier et les rapports des corps de contrôle, il estime qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. À son avis, « les rapports de l’Ofnac, de l’Ige, de la Cour des Comptes et d’autres organes de contrôle ne présument pas de manière irréversible l’existence d’une infraction. Ces organes jouent leur rôle, qu’il salue, tout en rappelant que seules les juridictions compétentes sont habilitées à donner suite à ces rapports. »
Sur la réponse du Premier ministre relative à l’homosexualité, Maître Youm la trouve « timide, timorée, pour ne pas dire intimidée par la présence de son partenaire politique, le leader de la France Insoumise ».  Pour lui, il y a un « écart abyssal entre la criminalisation de l’homosexualité prônée par Sonko hier et son discours d’aujourd’hui, qui tend vers la tolérance. »

Fana CiSSE

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