Secteur potentiellement sous-exploité, quoique pratiqué par 29,5% des ménages sénégalais, soit 476 668 ménages, l’élevage au Sénégal peut offrir de grandes opportunités en termes de revenus, d’emplois et de renforcement de la résilience face aux différents chocs et crises. Seulement, les politiques de développement du cheptel et cie n’ont jamais permis aux acteurs de résorber les contraintes liées à l’absence d’investissements publics et de services de crédit, au manque de pâturages, de fourrage et de points d’eau, ainsi que l’incidence élevée des maladies. Conscientes de l’enjeu majeur du développement de l’élevage pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire dans les années à venir, les nouvelles autorités semblent résolues à développer pleinement ce potentiel.
Au Sénégal, le secteur de l’élevage constitue un maillon essentiel tant sur le plan économique que social et culturel. La contribution de ce sous-secteur à la souveraineté alimentaire se révèle un véritable challenge pour les nouvelles autorités qui viennent d’annoncer des mesures importantes pour booster ce secteur. Contribuant en moyenne pour 28,5% à la valeur ajoutée du secteur primaire et 4,3% au Produit intérieur brut (Pib), l’élevage mérite des réformes profondes pour développer au mieux son potentiel. En milieu rural, la place de l’élevage est encore plus déterminante, avec 47% des ménages ruraux qui exercent une activité d’élevage leur permettant de disposer de protéines et autres nutriments d’origine animale supplémentaires, mais également de revenus plus importants contribuant à couvrir les dépenses liées notamment à la santé et à l’éducation de leurs enfants. En clair, l’élevage joue un rôle d’appui important aux systèmes mixtes agriculture-élevage. Dans le dernier communiqué en date du Conseil des ministre, le Président de la République a demandé au Premier ministre et au ministre en charge de l’Elevage de parachever l’actualisation du Programme national de production fourragère en corrélation avec une bonne maîtrise des prix de l’aliment de bétail et une stratégie avancée de lutte contre les feux de brousse. Dans le même sillage, le Chef de l’Etat a demandé au Gouvernement d’engager, sans délai, la mise en œuvre d’un plan d’aménagement consensuel des parcours du bétail et espaces de pâturage notamment dans la zone sylvo-pastorale. En outre, le Président Bassirou Diomaye Faye a souligné la nécessité d’un recensement national régulier et d’une identification nationale précise du cheptel afin de mieux orienter les ressources et les interventions de l’Etat dans le secteur.
L vision des nouvelles autorités pour la relance de l’élevage englobe également la sécurisation du bétail. C’est ainsi que le Chef de l’Etat a demandé au ministre des Forces armées et au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique d’intensifier les actions préventives conjointes de lutte contre le vol de bétail. Dans la même dynamique, il a fait valoir l’urgence d’un recensement général des infrastructures d’élevage et équipements pastoraux réalisés par l’Etat et appelé à une réflexion stratégique sur leur mode d’exploitation et d’entretien au profit des acteurs du secteur.
S’agissant de la filière avicole, le Président de la République Bassirou Diomaye Faye a invité le ministre en charge de l’Elevage en liaison avec celui de l’Industrie et du Commerce à soutenir le développement des filières avicole, viande et lait de notre pays et favoriser la consommation des productions animales nationales. Dans cet esprit, il a sollicité la révision du cadre d’intervention du Fonds de Stabulation (FONSTAB) dont les dotations financières et les critères d’attribution doivent être évalués et réorientés. Quant aux ressources humaines, il est demandé au Gouvernement de veiller au renforcement des ressources humaines spécialisées du secteur de l’élevage et de poursuivre, sans relâche, les campagnes nationales de vaccination du cheptel, les actions de promotion de la santé animale et la recherche en matière d’amélioration des races bovines. Autant de mesures qui peuvent légitimement laisser à espérer que la voie est tracée, avec le concours de tous, pour répondre de manière dynamique aux contraintes de la souveraineté alimentaire.
JEAN PIERRE MALOU