L’école ne peut toujours pas démarrer la formation de la dernière promotion, recrutée dans la précipitation par le régime précédent. En cause, l’âge trop avancé de certains élèves, au-delà des limites réglementaires.
La hiérarchie policière ne sait plus quoi faire des élèves recrutés en plein « gatsa-gatsa » mais trop âgés au regard de la loi pour subir une formation à l’Ecole Nationale de Police, à fortiori intégrer la fonction publique
Connue jusque-là pour sa rigueur dans le recrutement et la formation, l’Ecole nationale de Police (ENP) vit une situation inédite faisant que les cours ne peuvent pas encore y démarrer pour les nouveaux entrants !
En cause : un imbroglio règlementaire qui fait que la direction de l’école ne sait plus sur quel pied danser. Ou sur quel pas défiler : Pas de l’oie ? pas bloqué ? Sur quel cadence marquer le pas ? A l’origine de cette situation : la volonté de l’ancien président de la République, Macky Sall, de recruter 3000 policiers et gendarmes pour relever le défi du « gatsa-gatsa » et faire face aux velléités insurrectionnelles des jeunes « patriotes ». Aussitôt dit, aussitôt fait : un concours est lancé pour recruter lesdits élèves flics dont la plupart par la voie du concours direct, c’est-à-dire essentiellement des diplômés de l’enseignement supérieur ou du secondaire sélectionnés à l’issue d’épreuves théoriques et physiques.
A côté de ceux-là, il y a les autres qui devaient entrer par les flancs, une sorte de concours indirect destiné à recruter des « policiers auxiliaires volontaires » (PAV). Il s’agit d’anciens militaires qui, après concours (théoriquement du moins) devaient aussi intégrer l’Ecole nationale de Police pour y être formés.
La loi qui régit la Fonction publique est claire : l’âge limite est de 35 ans. Problème : certains, pour ne pas dire la plupart de ces « PAV » — que les mauvaises langues surnomment « EPAVES » ! — ont été recrutés alors qu’ils avaient 36, 37, 38, 39 et même 40 ans ! Mais puisqu’il fallait taper sur du « pastéfien » et vu que la plupart de ces gaillards étaient en réalité fourgués directement à l’Ecole nationale de Police par des pontes de l’APR — dont un connu pour son immense richesse et sa proximité avec l’ancien président —, les responsables de la Police avaient fermé les yeux. Ayant déjà fait l’Armée, ils étaient dispensés de formation militaire contrairement aux futurs poulets recrutés par le biais du concours direct qui, eux, y étaient astreints. De fait, ces derniers viennent de terminer cette très dure formation et doivent à présent commencer les cours en même temps que les « PAV ».
Problème : Entretemps, le régime du président Macky Sall s’est effondré et les responsables de l’Ecole nationale de Police n’osent plus former des poulets de presque 40 ans destinés à intégrer la Fonction publique !
Ne sachant pas quelle conduite tenir et ne voulant pas débuter une formation pour des élèves « flics » au profil de miliciens qui pourraient être virés très vite par les nouvelles autorités — ce qui contraindrait à organiser un nouveau concours —, les responsables de l’Ecole nationale de Police et leur hiérarchie jouent la montre. Tandis que les élèves-flics ayant terminé leur formation militaire, eux, s’impatientent. D’ici à ce qu’ils battent le pavé ! Une situation embarrassante que gagnerait à décanter au plus vite le nouveau ministre de l’Intérieur, le général de gendarmerie Jean-Baptiste Tine !
A préciser que la Gendarmerie, elle, avait refusé de prendre des GAV (gendarmes auxiliaires volontaires) acceptant seulement d’enrôler des auxiliaires (sous les drapeaux et mis à sa disposition) comme la loi le lui permet…
Christian SENE