Dans son dernier rapport, la Cour des comptes remet en question l’utilité de la Société des mines du Sénégal oriental (Miferso) en raison de son incapacité à faire avancer l’exploitation du fer de la Falémé (un affluent du fleuve Sénégal qui prend sa source dans la partie nord du Fouta-Djalon), malgré sa création il y a 46 ans. Le rapport met en lumière l’absence de production de fer à partir des importantes réserves estimées à 750 millions de tonnes, dont 650 millions de tonnes prouvées.
La création de la Société des mines du Sénégal (Somisen), dirigée par M. Ngagne Demba Touré, soulève des interrogations sur le rôle continu de la Miferso. La Cour des Comptes note que malgré l’intérêt des investisseurs étrangers pour l’exploitation, aucun projet n’a abouti en raison de résiliations de contrat par l’État ou d’abandons de projet par les investisseurs. Elle compare la situation avec la Mauritanie, où la Société nationale industrielle et minière (SNIM) est depuis des décennies productrice de fer, contribuant significativement au budget national.
En plus de cela, le corps de contrôle de l’État a examiné la gestion des dons, des subventions et des indemnités sous la direction de Sall à la Sicap. Selon le rapport, les avocats de l’État estimaient que le Sénégal aurait dû recevoir 2 500 milliards de francs CFA de Mittal, au lieu des 75 milliards finalement obtenus. Cependant, malgré cette disparité, l’audit suggère que le pays n’a pas subi de pertes significatives, car ces indemnités ont permis de régler des litiges antérieurs avec Kumba Resources (pour 35 milliards de francs CFA) et de récupérer des études techniques (évaluées à 25 milliards de francs CFA), renforçant ainsi sa position lors de négociations futures pour l’exploitation du minerai de la Falémé.
Le rapport exprime également l’espoir que la Société des mines du Sénégal (Somisen) n’a pas hérité des problèmes de gestion de sa prédécesseure, la Miferso, comme le souligne la Cour des Comptes. Il souligne l’importance pour les nouvelles autorités de prendre en compte les préoccupations des populations locales dans leurs efforts pour relancer le projet d’exploitation des mines de la Falémé. À cet égard, le gouvernement envisage de faciliter la création d’un port minéralier à Bargny, ainsi que l’installation d’une aciérie par les Turcs de Tosyali à proximité.
Recommandations
Face à ces constats, la Cour des comptes s’interroge sur les stratégies privilégiées jusqu’à présent et recommande de trouver un partenaire privé capable d’exploiter le fer. Elle rappelle également deux conflits juridiques opposant l’État à des multinationales, avec des issues différentes selon les cas.
Néanmoins, le rapport met en évidence le potentiel de négociation du Sénégal, notamment grâce aux indemnités obtenues dans ces litiges. Il souligne l’importance de relancer rapidement le projet d’exploitation du minerai de la Falémé, considéré comme un pilier majeur du développement économique du pays selon le Plan Sénégal émergent (PSE).
Malgré ces recommandations, le rapport ne mentionne pas les réticences des populations locales quant à la mise en œuvre de ces projets, notamment à Bargny et Sendou, où doivent être implantées l’usine sidérurgique et le port minéralier.
Ndeye Fatou Touré