«Exercer plus d’autorité.» C’est l’invite de Me Massokhna Kane, président de l’association ‘’Sos consommateurs’’ et avocat a la Cour. Invité à l’émission le ‘’Grand oral’’ sur Rewmi Tv, il a dénoncé le manque d’autorité des dirigeants par rapport aux sanctions nécessaires face à la récurrence des accidents de la route. Autres sujets évoqué sur le plateau de Rewmi Tv : la diminution des denrées, la réforme de la justice et les premiers pas du nouveau régime. Il appelle à plus de concertations, tout en émettant l’idée des audits des contrats signés par le régime sortant.
Connu pour son franc-parler, Me Massokhna Kane n’a pas mis de gants pour asséner ses vérités. Cela fait suite à l’accident survenu sur la route de Koungheul faisant près de 14 morts. Selon Me Massokhna Kane, il faut que les autorités prennent le taureau par les cornes et fassent preuve de fermeté. Indexant le comportement de certains chauffeurs, ce dernier a dénoncé l’état de certains véhicules qui passent à travers les mailles des filets lors des contrôles techniques. « Il y a des véhicules qui roulent et qui ne devraient pas car ce sont de véritables épaves. Il faut des mesures autoritaires comme l’instauration du permis à points, l’emprisonnement etc. Sinon les choses vont s’empirer », fait-il savoir.
Me Massokhna Kane dit en appeler à la conscientisation avec une véritable politique de modernisation du transport dans ce pays. Pour lui dernier, la prévention bien que chantée partout, peine à porter ses fruits. Il dénonce le fait que des gens décident de faire la sourde oreille et font la loi et parlent d’actes volontaires et un comportement « malsain » sur la route. Le défenseur des consommateurs a rappelé les mesures « sans effets » prises lors des accidents de Sakal et de Sikilo. « Les chauffeurs dictent leur loi mais c’est à cause aussi de cette corruption », a indexé Me Kane. A cela s’ajoute la question des conducteurs de Jakarta qui viennent d’horizons divers. Ces derniers aussi sont sources d’accidents. Mais, pour Me Massokhna cela traduit la détresse de la jeunesse et révèle une certaine « délinquance de subsistance ». « Il faut leur trouver d’autres sources de revenus et cela incombe à l’État. Cela pose le problème de la formation et de l’emploi.
L’état doit organiser le comportement sur la route», a avancé l’invité du ‘’Grand Oral’’. Mettant en exergue des moyens pour la réglementation du secteur, il invite les autorités à assurer des moyens de transport idoines et les subventionner. S’agissant de la cherté de la vie, le président de ‘’Sos Consommateurs’’ a posé sur la table les déclarations faites par le président de la République Diomaye qui reconnaît la fatigue des citoyens. A l’en croire, les gens souffrent en silence et dans leur dignité. A preuve, toutes les femmes qui vendent de la bouillie sont assaillies, car la vie est chère. «Des mesures s’imposent et il faut des concertations. On ne peut pas dire au détaillant de vendre à perte quand il y a diminution annoncée. Celui-ci à une petite marge et c’est impossible car l’État est trop gourmand en termes de taxes et l’État ne veut pas y renoncer. Il faut qu’il cherche des niches ailleurs », a dit Me Massokhna Kane, qui face à cette pression il invite les dirigeants à ne pas aller vite en besogne. Il se dit prêt à partager ses idées et d’en faire profiter les autorités. A la question de savoir s’il est possible d’avoir des prix réduits et d’avoir une alternative, Me Massokhna Kane mise davantage sur la concertation. Il souligne que la subvention est idoine mais doit se faire ressentir chez les consommateurs. « Prenons le cas de l’oignon, on l’importe. Mais c’est une catastrophe. Il faut consommer local et imposer cela aux consommateurs. D’ailleurs le contrôle des prix pose problème du fait d’un manque de personnel au niveau des agents. Ce ministère n’a pas travaillé. Il a trois directions. Mais ils ne travaillent pas contrairement à la Côte d’Ivoire qui en a 10. Il faut recruter des jeunes des quartiers et non les chefs de quartier. On a voulu prendre des mesures politiques pour régler des questions techniques, ce qui est inadmissible », a souligné Me Massokhna Kane citant l’exemple de la loi sur la baisse du loyer. «Il faut faire en sorte que les locataires accèdent aux logements mais des logements sociaux coûtent entre 10 et 15 millions de francs CFA. Il y a des possibilités et il faut de bonnes approches à mettre en œuvre», a expliqué Me Kane. Il note que des mécanismes existent bel et bien mais ne sont pas mis en œuvre. Toujours dans ce registre, il a relevé le manuel de subvention de la part des associations consuméristes qui peinent aussi à obtenir leur agrément pour être crédibles bien que nombreuses d’entre elles travaillent dans l’intérêt des populations.
Contrats d’affermage et au audit de la Senelec le « Oui » de Me M. Kane
La cherté des factures d’eau reste une hantise chez les populations qui s’en offusquent. « L’eau est payée plus chère dans le monde rural de même qu’au niveau urbain. C’est un scandale car l’eau est un droit humain. On signe une convention pour la vendre plus chère. Cette signature de contrat a été précipitée, le dossier est incomplet et manque des annexes à quelques jours de l’élection présidentielle », a révélé Me Massokhna Kane qui crie au scandale. Il a ajouté que cela a été fait sur instance du Président sortant Macky Sall. « C’est le ministre des Finances qui a signé, sans le ministre de tutelle. C’est un scandale et il sera cassé, bien sûr. Nous en sommes au début car on ne peut acheter de l’eau à 500 FCfa et sans aucune qualité. Dans toutes les directions, il se passe des choses immondes.
Pour les employés, un directeur général a acheté un terrain vendu par son beau-père à 2.5 milliards de francs CFA ; c’est l’argent public», a déploré Me Kane. Retraçant l’histoire du contrat entre l’État du Sénégal et Suez pour la gestion de l’eau à la Sen Eau, il assure qu’un audit va déterminer les micmacs. Même son de cloche pour les compteurs d’électricité. On se rappelle qu’en 2020, on avait promis aux sénégalais de payer le kwh à 60 et 80 francs, mais en vain », regrette-t-il avant de charger la Senelec qui a répercuté sur le prix de la consommation et la mise en place d’un fonds pour soutenir le ministère qui a avait budget. «Des directions dont une quinzaine avec un monstre ingérable en 2010, on avait décidé que la Senelec allait être éclatée, avec un chronogramme. Mais un an après on nous dit qu’il faut un holding etc. », s’est-il désolé.
Des tarifs plus chers et des sénégalais grincent des dents. Le défenseur des consommateurs dénonce le fait que les populations rurales paient plus cher qu’au niveau urbain l’électricité car des villageois se cotisent pour payer les lampadaires. Il réclame une approche au plan technique et financier. Malgré tout, des gens s’attendent à une baisse du coût avec le gas to power. Me Massokhna Kane espère que cela se fera ressentir pour soulager le sénégalais avec un woyofal très cher et qui fait souffrir les pauvres gorgorlu.
Le coup de balai du nouveau régime
Le président de la république Bassirou Diomaye Faye a procédé à un coup de balai au niveau de certaines hautes directions. Un nettoyage sans complaisance. A en croire l’invité du ‘’Grand Oral’’, il faut tout refaire. « Il faut un audit et pour cela il leur faut du temps. On a nommé des directeurs généraux et des ministres. C’est normal, bien que l’appel à candidatures, ce n’est pas dans l’immédiat », a rétorqué l’avocat. Il en appelle à la compréhension des uns et des autres tout en misant sur la compétence qui suggère de « mettre les gens qu’il faut à la place qu’il faut ».
Réformes judiciaires, nomination de Pape Alé Niang
S’agissant des réformes annoncées dans le secteur de la justice, l’avocat souligne que le mal est profond, et qu’au-delà des discours, le chantier est vaste. « Le nouveau Ministre de la Justice a fait preuve de courage et de technicité mais il faut consulter tout le monde », a-t-il suggéré. Sur la nomination de Pape Alé Niang Me Massokhna Kane a salué cette décision, estimant qu’il faut bien changer les choses. Il a invité le régime actuel à ne pas hésiter et se départir de la politique et de miser sur des résultats. « Il faut éviter les grèves qui restent un moyen de pression. On ne doit pas payer un gréviste ; il y a des choses qui doivent changer. Car il est illégal de payer quelqu’un qui fait la grève et perçoit son salaire à la fin du mois », a-t-il regretté. Enfin, Me Massokhna Kane dit observer la recomposition au plan politique tout en saluant la paix mais insisté sur l’autorité, la discipline et non à l’anarchie. Il a invité l’opposition à être plus objective.
MOMAR CISSE