Protocole d’accord à Dakarnave – Les travailleurs de Dakarnave, engagés dans un long bras de fer avec les anciennes autorités sur le processus de reprise de leur structure, espèrent que le nouveau régime va remettre en cause le protocole d’accord établi
Les travailleurs de Dakarnave, engagés dans un long bras de fer avec les anciennes autorités sur le processus de reprise de leur structure, espèrent que le nouveau régime va remettre en cause le protocole d’accord déjà établi.
«Arrêter le processus du contrat !» Tel est le cri du cœur lancé par les travailleurs de Dakarnave. De guerre lasse, ils n’ont pas eu une oreille attentive de la part du Directeur général de la Sirn et de leur tutelle, l’ancien ministre de la Pêche, Pape Sagna Mbaye, pour éviter la signature d’un protocole pour la reprise de Dakarnave. D’après Abass Fall, Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de Dakarnave (Satnav), le contrat a été signé par la Sirn avec un partenaire turc. «Il y a une signature en catimini par la Sirn avec un partenaire turc à l’insu du personnel, sous prétexte qu’il y a un caractère de confidentialité», a-t-il informé au cours d’une conférence de presse tenue vendredi. Selon lui, «ce contrat doit non seulement impliquer tout le monde, mais aussi il doit être rendu public avec un appel d’offres transparent et concurrentiel. Ce qui n’a jamais été le cas». Ils ne savent plus maintenant à quel saint se vouer puisque leurs alertes pour se faire entendre n’ont pas rencontré une oreille attentive de la part du Dg de la Sirn, «qui n’a jamais manifesté l’intérêt de nous accueillir, et du ministre de la Pêche qui fait des promesses jamais tenues».
Aujourd’hui, les travailleurs de Dakarnave et leurs cadres voient les nouvelles autorités du pays comme leur seule bouée de sauvetage pour sortir de cette situation. «Nous demandons et lançons un appel aux nouvelles autorités, notamment M. Bassirou Diomaye Faye, président de la République, et son Pm, Ousmane Sonko, et notre tutelle, ministre de la Pêche et des infrastructures portuaires, Mme Fatou Diouf, d’arrêter ce processus et d’impliquer toutes les parties prenantes», exprime le Secrétaire général de Satnav. Pour lui, «un chantier d’une telle ampleur, où on répare des bateaux, va participer activement à l’exploitation du pétrole et du gaz qui est l’avenir de notre pays et ne doit pas être bradé par un lobby à col blanc».
Ce contrat, pense Abass Fall, «doit être annulé». Ce n’est pas la seule demande des syndicalistes. «On doit impliquer les travailleurs dans l’élaboration du plan social pour prendre en charge les attentes et aspirations ainsi que leurs expériences afin d’assurer un legs à nos générations futures», dit M. Fall. Pour faire évoluer la situation, les travailleurs ont adressé une lettre au Président Faye pour qu’il arrête le processus. «Nous demandons aux nouvelles autorités de revoir ce processus qui est suspicieux en ce sens qu’on ne sait rien des cahiers des charges. Qu’elles nous viennent en aide pour qu’on puisse reprendre un appel d’offres digne de ce nom, clair et concurrentiel», suggère M. Fall. Il ajoute : «Si nous demandons de surseoir à ce processus de signature, c’est parce que nous n’avons pas le temps matériel de faire la transition entre un nouveau repreneur et ceux qui travaillent ici. Et sur ce, il y a même un risque de connaître un arrêt des activités de réparation navale. Ce sera catastrophique.»
Thierno Ndiaye, le président des cadres de Dakarnave, n’a pas caché sa déception vu le déroulement de la situation. «Nous sommes sortis parce qu’on nous a dit que ce contrat a été signé. Notre volonté c’est d’arrêter le processus afin d’y voir plus clair. Tout est opaque concernant ce contrat. Nous devions être en mesure de vous informer des tenants et aboutissants de ce contrat en tant qu’acteurs, travailleurs et cadres. Mais nous sommes au même niveau d’information que vous. Nous avons même appris qu’un contrat a été signé et que les chantiers navals de Dakar ont été accordés à un repreneur turc pour faire son exploitation. Et pour un cahier des charges qui ne peut se faire sans les travailleurs et les cadres qui connaissent mieux cette maison, nous sollicitons l’intervention du nouveau régime pour arrêter cette arnaque. L’objectif, c’est de préserver les intérêts du pays», a-t-il révélé avec amertume.
Justin GOMIS