La mésentente qui s’illustre de plus en plus entre les forces de défense et de sécurité et les citoyens, atteste de la nécessité d’arrondir les angles.
Les événements qui ont eu lieu à Pikine avant-hier, mercredi 27 mars, prouvent les relations heurtées entre les forces de défense et de sécurité et la population. La mort d’un jeune homme supposé détenteur de chanvre indien, a plongé ce quartier de la banlieue dans une véritable guérilla avec des biens publics détruits. Le fait n’est pas un cas isolé. Il importe donc de réconcilier ces défenseurs de la sécurité nationale aux citoyens qu’ils sont censés protéger.
Les manifestations politiques de ces dernières années ont démontré à suffisance la difficile cohabitation entre forces de défense et de sécurité et la population, une animosité qu’il faut changer. Un élément de police à terre que des manifestants tentent d’achever à coup de briques, on l’a vu lors des dernières manifestations en juin 2023. Pis, à de nombreuses occasions, des jeunes ont essayé de saccager des commissariats de police ou des brigades de Gendarmerie ce qui constitue un précédent dangereux.
Du côté des citoyens, les organisations de défense de droits de l’homme ont tout le temps dénoncé un recours excessif de la force c ontre elles désapprouvant des bravoures et même des actes de tortures. Beaucoup sont contre la loi d’amnistie votée par l’Assemblée nationale sur proposition de l’Exécutif pour que la lumière soit faite sur les morts et les cas de décès imputés à l’usage de balles réelles. L’espace politique est un symbole de cette discorde. Bien avant les événements de ces dernières années lors de la révolte citoyenne qui a fait suite à la volonté du président Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat, le policier Fodé Ndiaye a été tué par des manifestants à Colobane. L’étudiant Mamadou Diop est mort persécuté par une voiture de la police alors qu’il participait à une manifestation à la place de l’Obélisque.
Rappelons que les rapports peu cordiaux entre les citoyens et les forces de défense et de sécurité ont toujours été problématiques ces dernières années. Ils s’illustrent lors des grèves estudiantins notamment ceux de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. La mort de Bassirou Faye ou encore celle de Balla Gaye ont toutes été reprochées à des forces de l’ordre. Les autres universités sont aussi concernées. Les morts en garde en vue sont aussi importantes et sont fustigées par les familles et autres acteurs de la société civile.
Le cas de l’émigré Cheikh Niasse, mort aux urgences de l’hôpital Aristide Le Dantec où il a été admis sur ordre du juge qui venait de lui décerner un mandat de dépôt pour la prison du Cap Manuel, rappelle bien d’autres affaires où des citoyens en détention préventive ont perdu la vie dans des conditions qui ne sont jamais souvent élucidées. Depuis 2007, avec la mort de Dominique Lopy à Kolda, les cas se multiplient et se ressemblent.
En 2017, Elimane Touré est retrouvé mort dans sa cellule de garde à vue au Commissariat spécial du port. La Police avait parlé d’une mort par pendaison, une thèse réfutée par ses parents. A la prison de Diourbel, il y a eu aussi des morts. En mai 2020, le détenu El Hadji Thioune, condamné pour trafic de drogue à une peine de 2 ans, a perdu la vie. Avant lui, Fallou Ka, Moustapha Gueye, Papa Diagne et Mbaye y sont morts dans des conditions encore méconnues.
Le décès de François Mancabou alors qu’il était en garde à vue est dans la liste des abus.
Fatou NDIAYE