Khoudiandiaye, la rivale et souffre-douleur de Tata, tenait sa revanche. Elle la tenait si bien qu’elle en rigolait. Bien avant la présidentielle, elle avait ouvert la malle de son défunt mari pour en retirer un grand boubou «Tiawali» en cotonnade minutieusement ouvragé et sur lequel était posé un fil de sertissage autour de la broderie.
Elle l’épousseta, prit le soin d’utiliser une pattemouille pour le repassage. Une fois le travail terminé, elle emballa le boubou dans du papier Kraft, choisit un sac personnalisé. Le paquet cadeau respirait le luxe. Khoudiandiaye prit héla un taxi, direction chez son faiseur de miracle, son sorcier préféré, son devin, son enchanteur. Tout y passe quand il s’agit de parler de son «Guinasékat». Son devin, après plusieurs tours de cauris, lui prédit la victoire de son candidat et qu’elle-même allait être inondée des bienfaits de cette victoire.
Mais pour ce faire, il faillait incorporer dans le talisman, un poil de moustache de lion. Qu’à cela ne tienne ! Chez les «Garabou-Garabou» de Tilène, elle trouvera bien la chose. Elle fit chou blanc. Mais on lui dit de voir du côté du zoo. Elle vida son calepin pour soudoyer le préposé au nettoiement de la cage des fauves. Hasard ou pas, son candidat dont le porte bonheur était le balai se retrouva au palais de la République. Khoudiandiaye, pour sa revanche, mit un balai artisanal sérère dans un joli emballage cadeau avec ce mot : «Du balai ! Na déma déma dem.»
Baba DIOP