Le nouveau président élu, on aimerait bien l’appeler ici Serigne Bass pour nous départir du nom « Chef » affublé à celui auquel il succédera le 2 avril prochain. Serigne Bass donc a livré hier son premier discours face à la presse nationale et internationale. Plutôt qu’une chasse aux sorcières, qui fourmillent dans l’entourage du Chef et dont certaines trainent de bruyantes casseroles, il a prôné la réconciliation nationale.
Ce qui ne sera pas un gros chantier dès lors que, depuis la proclamation des résultats de la présidentielle dimanche soir, les cœurs se sont retrouvés pour célébrer sa victoire. Mieux, même son principal challenger a enfin reconnu sa cinglante défaite avant que le Chef, lui-même, ne le félicite. La face est ainsi sauvée et la belle tradition sénégalaise de paix sauvegardée. La consécration du nouveau président élu, plutôt que d’être une sanction contre l’ancien Premier ministre mal aimé de ses camarades, procède plutôt de la volonté des Sénégalais de sonner la rupture d’avec une gouvernance qu’on leur avait promise sobre et vertueuse et qui s’est révélée être une calamité.
Pouvoirs démesurés, volonté de conserver le pouvoir au mépris de tous les règles, impunité totale accordée à ses partisans, arrogance, incompétence…N’en jetons plus. C’est le visage hideux d’un pouvoir durant ces douze ans et qui s’est défiguré davantage encore avec les découvertes de gaz et de pétrole qui sentaient si fort jusqu’à leur faire perdre la raison. Ajoutez à cela cette volonté d’étouffer la liberté d’expression qui poussait à arrêter en masse pour des broutilles des jeunes gens qui se retrouvaient ensuite oubliés dans les prisons pendant des années voire des mois.
Des vies ont été brisées et des familles désorientées parce que des jeunes gens ont voulu exprimer leur mécontentement face au régime en place. Il faut reconnaitre que le Sénégal n’avait jamais vécu auparavant cette forme de répression si violente et si aveugle. En plus de leur volonté de réduire l’Opposition à sa plus simple expression, on avait le sentiment que ces gens qui s’apprêtent à faire leurs valises voulaient également briser toutes formes de contestations chez les citoyens.
Les réduire au silence. C’est ce silence qui s’est exprimé dans les urnes dimanche dernier pour envoyer à la retraite ou au chômage de longue durée tous ces gens de peu de vertu qui étaient si hautains et dédaigneux envers leurs compatriotes.
KACCOOR BI – LE TEMOIN