A observer les dernières convulsions du régime du Benno-APR, à travers le dialogue tragicomique de Diamniadio, on se dit qu’assurément, tous les ingrédients sont réunis, pour faire de cette fin de règne rocambolesque de Macky Sall, un thriller politique palpitant.
Triste sort que celui de cet alchimiste maladroit, dont la bombe est en train de lui exploser entre les mains !
Sa fâcheuse propension, à enfreindre les règles de droit à des fins politiciennes, a dépassé les limites de la décence et de l’élégance républicaines.
Tout ça pour atteindre l’objectif utopique de réduire l’Opposition à sa plus simple expression !
Il en est maintenant réduit à violer ouvertement la Loi, en se drapant du manteau pudique de la République. Son fameux dialogue (sa dernière valse) est un symbole achevé du système tant décrié par les nouvelles vagues de jeunes patriotes. Il pourrait être aisément confondu à un rassemblement regroupant, hormis quelques personnalités naïves ou candides, trois générations de « gangsters » politiques, pris en flagrant délit de trafic d’influence et d’instrumentalisation des Institutions.
Nous n’irons pas jusqu’à parler d’association de malfaiteurs – comme les fameux juges inquisiteurs du Macky, si prompts à distribuer des chefs d’accusation aussi graves et nombreux qu’infondés – mais la salle du CICAD était remplie de centaines de personnalités en rébellion contre la décision n°1/C/2024 du 15 février 2024 du Conseil constitutionnel.
Pour beaucoup moins que ça, des citoyens, des travailleurs ou des passants ont été férocement réprimés et envoyés en prison pour plusieurs mois !
Quelle peut-être la légitimité d’une telle instance ad hoc, dont le postulat de départ repose sur la négation de la décision actant l’annulation du report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024 ?
Comble d’outrecuidance présidentielle !
En suggérant à ses troupes dociles, que la prochaine présidentielle pourrait se tenir avant l’hivernage prochain, après toute une série d’évènements religieux, le premier magistrat de la Nation n’a rien fait d’autre que de saboter l’injonction des Sept Sages, en ignorant royalement le deadline fixé par le Conseil constitutionnel, au 2 avril. En effet, c’est la date, à laquelle doit s’achever le deuxième et dernier mandat du président Macky Sall, insusceptible de prolongation, selon l’article 103 de la Constitution.
Cette défiance à l’endroit du Juge électoral suprême, de la part d’un président en fin de mandat (un canard boiteux, qui s’ignore), n’est qu’une récidive, en l’espace de trois semaines du putsch constitutionnel du 3 février dernier.
Est-ce un effet boomerang ou la loi du karma à l’œuvre ? Il est, en tout cas, troublant de constater que le maître d’œuvre d’une gouvernance tyrannique caractérisée par une judiciarisation outrancière de la vie politique depuis 12 ans n’arrive plus à sauver les apparences. Il se met, de manière éclatante et perceptible par tous, en conflit avec la Loi, plus précisément la Constitution, dont il est pourtant censé être le gardien.
Ne sommes-nous pas en face d’un cas de manquement grave du Président de la République, manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ? Sous d’autres cieux, cela conduirait à diligenter une procédure de destitution ou d’impeachment.
Par ailleurs, la validation des conclusions grotesques issues du pseudo-dialogue politique, qui constituent un poison mortel, ouvrirait la boîte de Pandore. Le conseil constitutionnel, en cédant aux caprices du « Prince tourmenté », se ferait hara-kiri ou scierait la branche sur laquelle le pouvoir judiciaire national est assis. En outre, ce serait un enterrement de première classe pour notre système politique, qui perdrait simultanément son caractère républicain et sa nature démocratique.
Le peuple sénégalais connu pour sa résilience et son haut niveau de maturité politique attendait justement le 25 février 2024 pour solder pacifiquement le contentieux, qui l’oppose à la junte civile au pouvoir, qui considère les normes démocratiques et républicaines comme un corset contraignant. C’est ce qui explique que la paix civile ait prévalu jusque-là, dans notre pays.
Le moment est venu pour les pontes du Benno-APR de retrouver la raison. Leur préférence pour un style de management tyrannique, dans lequel, la répression policière et le traitement abusivement judiciaire des questions politiques ont été mis en avant, a montré ses limites. Tout indique que le camp présidentiel divisé va au-devant d’une déroute électorale mémorable.
Il est déjà trop tard pour effacer les traces de tous les crimes, délits et forfaitures commis durant la décennie écoulée, par le biais d’une loi d’amnistie rétrograde.
Il ne leur reste plus qu’à se conformer –sagement- aux décisions du conseil constitutionnel pour tenter de sauver notre système électoral voire notre Démocratie, qu’eux-mêmes ont mis à mal par les manipulations incessantes (loi sur le parrainage, report d’élections, invalidation de listes de candidats, éviction judiciaire de concurrents politiques…).
Après les élections et quel qu’en soit le vainqueur, ce sera le moment de procéder aux ruptures tant attendues, au moins depuis la tenue des Assises nationales, à commencer par une véritable refondation institutionnelle avec l’abolition définitive de l’hyper-présidentialisme obsolète.