Ziguinchor est l’une des régions très éprouvée et affectée par les manifestations sociopolitiques qui ont secoué le pays entre mars 2021 et juin 2023 et même récemment courant févier 2024. Une quinzaine de morts, de jeunes manifestants tués par balles, Bignona et Ziguinchor ont payé un lourd tribut à cette crise politique. La loi d’amnistie en gestation plonge déjà les parents et proches des victimes de ces manifestations dans le désarroi total. Révoltés, meurtris, ils s’expliquent difficilement la pertinence d’une telle loi.
Et lorsque Malick Mansal (oncle du jeune Ibrahima Goudiaby tué en juin dernier lors des manifestations à Ziguinchor) évoque la question, c’est pour exprimer toute sa désolation sur cette loi. «Nous n’avons pas encore fini de pleurer notre enfant tué qu’on nous sert une loi pour effacer ces crimes. Jusque-là rien. L’enquête n’a encore rien déterminé. Pire, aucune autorité n’est venue pour nous présenter des condoléances», s’offusque M. Mansal.
Même symphonie pour un autre parent d’une autre victime. Youssouf Sano, le père de Lamine Sano tué à Ziguinchor, est catégorique : «Nous ne comptons pas sur ce régime pour élucider ces crimes. Mon fils a été lâchement tué par balle, ici, à Ziguinchor. A 25 ans, il est parti à la fleur de l’âge. Et là, on nous parle d’amnestie pour faire table rase sur tout. C’est impitoyable», se désole le père Sano qui dit n’avoir aucun espoir quant au blocage de cette loi à l’Assemblée nationale. «Nous savons que cette loi va passer, comme lettre a la poste, à l’assemblée nationale. Car la majorité va voter cette loi sans se soucier des victimes», martèle-t-il.
Partagées entre révolte et désolation, les familles des victimes de ces manifestations ne cachent pas leur amertume, face à ce qu’elles qualifient de loi regrettable. «Cette loi d’amnistie pouvait prospérer si elle ne concernait pas les crimes commis sur des jeunes innocents qui n’avaient que le seul tort de sortir manifester pour éviter que leur avenir soit sceller par des décisions malheureuses…», peste Malick Mansal.
Le plus grand décompte macabre de ces manifestations de mars 2021, malheureusement, a été fait à Ziguinchor. Rien que dans la commune de Ziguinchor, dix (10) jeunes ont péri dans ces manifestations sociopolitiques qui ont également engendré des morts à Bignona. Dans la capitale du Fogny justement, cinq (05) jeunes sont morts entre 2021 et 2023.
A cela s’ajoute de nombreux dégâts matériels, des écoles saccagées et incendiées dans la commune de Ziguinchor, des stations à essence vandalisées, des maisons attaquées ; l’amplitude de dégâts à été très élevée à Ziguinchor et sa région. Et dans ce contexte de vote de loi d’amnistie, des voix discordantes continuent de résonner dan cette partie sud où les parents des jeunes tués lors des manifestations sont abasourdis et déçus par le triste sort qui a été réservé à leurs proches qui ont péri dans ces manifestations.
Ignace NDEYE