Journée ville morte : Une initiative qui n’a pas prospéré

par pierre Dieme

La plateforme Aar Sunu Élection avait invité la population ce mardi à paralyser tous les secteurs d’activité sur l’ensemble du territoire national par l’entremise d’une «journée morte» en protestation de la non-fixation d’une date pour la prochaine présidentielle.
 
Nonobstant leur appels incessants au boycott de toute activité dans le pays, la population, en tout cas celle de Dakar, a fait sourde oreille et vaquer comme à l’accoutumé à leurs occupations mercantiles. En cette matinée de mardi, de la station Liberté 6, à la devanture de Walfadjiri en passant par Castor, les commerçants ne changent guère leurs habitudes, ils sont bien présents sur leur lieu de travail. Trouvé au marché Castor, Ibrahima Ndiaye, vêtu d’un débardeur gris et pantalon de même couleur, képi sur la tête, n’est pas sur la même longueur d’onde que ceux qui ont eu cette initiative. «Lorsqu’ils (Aar sunu élection NDLR) prenaient un tel engagement, ils n’ont pas pris en compte la population, c’est-à-dire les couches vulnérables comme nous. Ils pensent que le fait de répondre à la «journée morte», est une chose noble mais est-ce que tout le monde a la même opinion qu’eux», grogne ce vendeur de vaisselles .

« C’est moi qui gère la dépense quotidienne pour ma famille »

Non loin de son lieu de travail, le quinquagénaire Samba Ndiaye, habillé en T-shirt rouge, en train de s’affairer autour de sa marchandise, semble très en colère contre une telle proposition de personnes qui selon lui ne roulent que pour leurs propres intérêts. «Je ne pourrais pas ne pas venir travailler vu que c’est moi qui gère les dépenses quotidiennes de ma famille. Je paye le loyer et l’école de mes enfants. Ceux qui nous demandent de rester aujourd’hui à la maison, une fois au pouvoir, ne feront rien pour nous», affirme le vendeur de chaussures, les yeux rivés sur son commerce.
Avant de renchérir, «Ils n’agissent que pour leurs propres intérêts. Comment pouvez-vous demander à des pères de famille d’observer une journée sans pour autant travailler, c’est absurde».
 
L’info n’est pas bien passée

Les commerçants qui opèrent tout le long du marché Castor et la Cité des Eaux font la «politique de l’autruche» sur ce que les membres de Aar Sunu Élection appellent «journée morte», tout en faisant focus sur leur commerce. Les clients font tantôt des vas-et-viens pour s’offrir des produits, dans les entrefaites, un vendeur de café Touba proteste : «Les gens de Aar Sunu Élection se foutent de nous. On ne dépend pas d’eux pour vivre».

Assis sur sa chaise, Biram Ndiaye, habillé en tenue traditionnelle de couleur verte déclare que l’information n’est bien passée. «Il y a des gens qui ne sont peut-être pas informés d’une telle journée parce que beaucoup ne regardent ni la télé ni écoutent la radio. Il y a un autre facteur, dans ce marché, la plupart des vendeurs sont des étrangers, spécialement des Nigériens», informe Biram.

Il ajoute ensuite, «Moi je rentre directement du Saloum mais si j’avais été au courant, je n’allais pas venir au boulot aujourd’hui parce qu’il s’agit de combattre une injustice quand même. Et je ne pouvais pas déroger à la règle en tant que coordonnateur des vendeurs de friperie du marché hebdomadaire de Castor», assure t-il.

Préparant soigneusement son stand pour exposer ses produits, Ngor Bane abonde dans le même sens que son collègue. «Je pense qu’il y a eu couac dans la manière dont l’information est partagée mais logiquement on devait se ranger du côté de Aar Sunu Élection vu que c’est le combat de tous», conclut-il.
 
L’appel au boycott des activités de la plateforme Aar Sunu Élection n’a pas eu un écho favorable auprès de la population. La dite plateforme trouvera-t-il d’autres stratégies plus efficace mettre encore plus la pression sur Macky Sall qui n’a toujours pas fixer une date de la Présidentielle.

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