Sursaut citoyen, qui se présente comme un groupe de réflexion et d’action dédiée à la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit, demande au Président Macky Sall de fixer une date imminente pour l’élection présidentielle de 2024. Le groupe de réflexion veut une transition en accord avec la Constitution et la tradition républicaine du Sénégal, où le Président sortant remet le pouvoir le 2 avril 2024 au Président nouvellement élu.
Voici in extenso la déclaration du groupe de réflexion et d’action dédiée à la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit.
Le Président Macky Sall veut engager le pays dans une période de non-droit.
Luttons pour ouvrir des perspectives qui restaurent l’État de droit ! Suite à la décision du Conseil constitutionnel, le peuple attendait légitimement de l’interview du président Macky Sall du 22 février 2024 deux réponses précises et étroitement liées :
– La fixation d’une date imminente pour l’élection présidentielle, permettant la continuation du processus électoral dans les délais prescrits par la loi,
– Une transition en accord avec la Constitution et la tradition républicaine du Sénégal, où le Président sortant remet le pouvoir le 2 avril 2024 au Président nouvellement élu. Cependant, lors de son interview du 22 février 2024, le chef de l’État a fourni des réponses qui confirment et aggravent les incertitudes qu’il a lui-même générées. Malgré ses affirmations verbales d’acceptation de la décision du Conseil constitutionnel, il agit comme si celle-ci était nulle, en décidant de :
– Refuser depuis plus de dix jours de déterminer une date proche pour l’organisation de l’élection présidentielle ; – Transférer la responsabilité de la fixation de la date à un consensus inatteignable, issu d’un dialogue entre ceux exigeant l’application de la Constitution, et donc de la décision du Conseil constitutionnel, et ceux favorisant la violation de la Constitution, remettant ainsi en question la décision du Conseil ;
– Reprendre le processus électoral, au lieu de le poursuivre, par le biais de ce même dialogue impossible, visant également à organiser des élections « inclusives », concept auquel il n’a jamais adhéré au cours de ses douze années de gouvernance ;
– Remettre en question, toujours via ce dialogue impossible, les principes, normes et modalités de la passation de pouvoir le 2 avril 2024. Au-delà de préciser qu’il ne sera plus président de la République après le 2 avril 2024, le président Sall ne fait aucune concession et semble maintenir sa position du 3 février 2024, antérieure à la décision du Conseil constitutionnel : reporter indéfiniment l’élection présidentielle, reprendre potentiellement le processus électoral, initier un dialogue pour des élections « inclusives », tout en affirmant renoncer à un troisième mandat
Ainsi, Macky Sall semble vouloir plonger le pays dans une période de non-droit, permettant à une minorité organisée, semblable à un gang de hors-la-loi à la tête de l’État, de créer, coûte que coûte, les conditions nécessaires au maintien du pouvoir politique. Pour s’y opposer avec efficacité, Sursaut citoyen appelle toutes les organisations et personnalités démocratiques du pays, y compris les 16 candidats favorables à la décision constitutionnelle, à s’organiser et à unir leurs forces autour d’un large Front pour la défense de la Constitution, exigeant de Macky Sall immédiatement :
– La continuation du processus électoral avec la liste définitive des candidats établie par le Conseil constitutionnel ; – La tenue de l’élection présidentielle au plus tard le 10 mars 2024 ; – La passation de pouvoir entre le Président sortant et le Président élu le 2 avril 2024
Si le président Macky Sall et ses complices persistent dans leur projet de maintenir le pouvoir dans l’illégalité et le vide juridique qui en résulterait, tel que décrit par nos éminents constitutionnalistes, les forces démocratiques ont le devoir d’intensifier les formes de lutte civique et non-violente pour restaurer l’ordre constitutionnel par tous les moyens à la disposition du peuple souverain.
Moussa Ndongo