Dialogue de dupes

par pierre Dieme

Apparemment, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Du cycle infernal qui se déroule sous nos yeux depuis mars 2021 avec des dizaines de morts dont la dernière victime en date a rendu l’âme hier, faisant passer le bilan des manifestations contre le report de la présidentielle à quatre morts.

Quatre jeunes gens fauchés à la fleur de l’âge en quelques heures seulement. Ce dimanche, on aurait pu passer à un autre cycle de la vie de notre Nation avec l’élection du cinquième président de ce charmant pays. Ou, en tout cas, la tenue du premier tour de ce scrutin.

Mais nous voilà à attendre que le tout-puissant Chef, plus fort que tous ses prédécesseurs, se décide à nous proposer une date. Il pourrait même nous exiger de la lui demander poliment, avec révérence c’est-à-dire « tchi njek rek » !Ala lecture du communiqué du Conseil des ministres d’hier, il n’est point besoin d’être devin pour comprendre que l’on se prépare à vivre la situation politique la plus compliquée et la plus déstructurée, pour ne pas dire la plus périlleuse, depuis nos glorieuses indépendances.

Pendant ce temps, comme s’ils dansaient sur un volcan, les gens de l’armée mexicaine étalent au grand jour leurs divergences, les pions de la belle-famille s’opposant ouvertement au candidat désigné par le Chef. Les plus irréductibles pourfendeurs du Premier ministre l’affrontent sans masque et semblent avoir l’onction du Chef. Qui ne dit rien consent.

Ceux qui s’opposent à une élection avant le 2 avril et militent pour un dialogue, ce sont justement les anti Ba pas les anti-Balaka centrafricains ! dont l’objectif non avoué est une reprise intégrale du processus électoral, ce qui permettrait en passant de changer de cheval et de débarquer le canasson Ba. Alors que tous les segments de la société invitent le Chef à indiquer la date de l’élection devant nous sortir de l’incertitude, lui, il a décidé, non pas de livrer la date, mais de tailler bavette avec quatre organes de presse de son choix.

Et croyez-nous, ce ne sera point pour nous délivrer. Son objectif, c’est son dialogue pendant que 16 candidats sur les 19 bénis par les sept prétendus sages exigent la tenue de l’élection avant le 2 avril et se disent prêts à aller au combat. Lui, il n’en a cure.

Et tant pis si le désordre s’installe. Son dialogue se présente déjà comme un jeu de dupes. Une porte ouverte à d’autres candidats. Les partisans du chef parlent de dialogue inclusif, transparent et paisible mais qu’on nous permette de douter qu’il soit paisible, justement, ce dialogue de sourds.
KACCOOR BI – LE TEMOIN

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