Le Sénégal que l’on aime voir. Ce Sénégal là, nous l’avons vu dans la matinée du samedi 17 février. Cela faisait beau à voir et traduisait le reflet d’une belle nation dont la démocratie ne devrait point être altérée comme elle l’est aujourd’hui.
Dans un pays où le droit de marche est inscrit dans le marbre de la Constitution, les interdictions devraient être l’exception. Et surtout qu’aucune marche autorisée ne s’est jamais terminée dans la violence. Au contraire, ces marches se tiennent toujours dans une bonne ambiance et se terminent sur le même tempo d’allégresses et d’effusions de tendresses.
Partant de là, on peut alors se faire une idée sur qui sème la violence. Et cela coule de source. Elle procède toujours de préfets trop zélés, le postérieur posé sur leur plan de carrière. Quel intérêt pour un pouvoir d’interdire des marches sous le prétexte de troubles à l’ordre public ou d’insuffisance de forces de l’ordre ! et de voir ces mêmes forces supposées manquantes, foutre le bordel en balançant sur des gens désarmés des grenades lacrymogènes et créant des heurts qui se terminent souvent par des batailles de rue sanglantes.
Du feu et du sang. Des victimes dont des jeunes. Et toujours sans qu’un coupable ne soit désigné. La faute, c’est toujours, du point de vue du pouvoir, celle de ceux qui ont appelé à exercer un droit reconnu par la Constitution. De centaines de jeunes gens ont ainsi séjourné en prison durant des mois pour avoir simplement et sans violence exercé cette liberté qui ne devrait jamais leur être refusée.
Des témoignages des prévenus libérés sans avoir été jugés, on retient la violence gratuite et brutale, pour ne pas dire bestiale, que des forces dites de l’ordre exercent sur des citoyens. Et même si ces derniers se trouvent à terre, couchés et impuissants, elles ne se privent pas de les bastonner, faisant preuve de leur lâcheté.
« Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés », enseignait Maurice Grimaud, Préfet de police Paris, à tous les policiers dans une lettre signée le 29 mai… 1968.
Hélas, ces pratiques que ce grand préfet dénonçait ont toujours cours sous nos tropiques plus de 50 ans après avec une violence gratuite qui frise la démence. Plus qu’avec les journalistes, la police devrait revoir et civiliser ses rapports avec les citoyens et en particulier les opposants.
Quant aux préfets carriéristes, ils devraient faire l’effort de réfléchir plutôt que de se contenter des évidences ou des lieux communs. C’est dans cette ambiance que des guignols et affairistes comptent organiser une marche pacifique pour soutenir le Président Macky Sall. En quoi ?
KACCOOR BI – LE TEMOIN