«Vous faites malhonnêtement un mauvais procès au Président Macky SALL. Tous les hommes animés de bonne foi reconnaissent que le report s’est imposé au président de la République pour des motifs bien évidents. Aucun doute ne résiste face aux responsabilités évidentes des membres du Conseil constitutionnel qui ont failli dans leur mission. Après deux alternances démocratiques, le Sénégal ne pouvait pas se payer le luxe d’élections décriées impliquant la responsabilité des juges constitutionnels»… Si vous lisez cet extrait du texte publié par Samuel Sarr et intitulé : Ce n’est pas pour 44 jours ou 10 mois, qu’un dictateur s’accrochera au pouvoir, Hérésie !!!, vous percevrez de violentes attaques contre la décision du Conseil constitutionnel. Et, vous comprendrez bien toutes les difficultés qui jonchent le chemin du président de la République en cette période où il s’apprête à quitter le pouvoir.
Des affairistes de l’acabit de Samuel Sarr sont devenus pour lui des compagnons privilégiés qui cherchent par tous les moyens à fructifier leur fortune en le convaincant de travailler à prolonger son mandat, même si cela doit se faire au prix d’une violation flagrante de la loi fondamentale et d’un mépris de nos institutions.
Évidemment, des personnes de la caste de Samuel Sarr n’ont aucun intérêt pour que la République tienne debout face à toutes les aventures dans lesquelles elles voudraient la conduire. Le moment est très grave par rapport à ce qui est entendu, ce qui est dit et par moment par rapport à ce qui est fait. Mais enfin, je ne doute point que le Président Macky Sall comprendra le sens de l’histoire en ne les écoutant pas. Lui qui, dans sa déclaration historique du 3 juillet 2023 affirmait: «Aucun de nos fils, aucune de nos filles, ne doit payer de sa vie les désaccords qui s’expriment dans nos sociétés. La vie de nos concitoyens ne peut être sacrifiée sous l’autel d’intérêts politiques. Nous avons l’obligation de protéger la vie et la dignité de tous les sénégalais, de toutes les sénégalaises».
Ces propos auront un sens et seront historiques dans la seule mesure où les élections se tiennent, dans la transparence et la paix et que les décisions du Conseils constitutionnel soient appliquées à la lettre par l’Exécutif.
Samuel Sarr, qui s’érige en défenseur de Macky Sall a-t-il oublier ses diatribes contre le président de l’APR, pour qui il n’avait que du mépris. Je vous invite à lire l’intégralité de ce texte publié par Seneweb le 17 octobre 2006.
Samuel Sarr y affirmait:«Macky est incompétent, un complexé»
Il avait parlé avec le cœur et ses mots envers le Premier ministre d’alors étaient loin d’être tendres. Ainsi, Samuel Sarr crachait son amertume et se déchargeait sur Macky Sall qu’il accusait d’avoir voulu (et obtenu ?) sa tête. Cela, avant qu’il ne revienne sur les raisons de sa démission.
La promesse non-tenue de Me Wade de mettre fin aux délestages à l’époque n’était pas la cause de son départ de la direction générale de la Senelec. Il s’agissait d’une simple coïncidence, à en croire ses déclarations. De ses explications, il ressort que les causes de son départ sont plus profondes. Car, celle-ci découlerait de relations heurtées avec le Premier ministre d’alors Macky Sall. «Je suis en désaccord avec Macky Sall. D’ailleurs, il prétend qu’il avec la complicité de Hassan Bâ, Macky Sall avait demandé mon départ au Président. Ce que ce dernier avait refusé de faire. C’était lors de la réunion du 1er octobre 2006», révélait l’ancien directeur général de la Senelec. De ses tripes, il fait une juxtaposition de qualificatifs, comme pour se soulager : «Macky Sall est incompétent. C’est un complexé et il est là tout juste parce que Me Wade n’a personne d’autre à mettre à sa place».
Samuel Sarr, d’un ton emballé et empreint d’une bonne dose de rancœur, regrettait : «ces gens m’ont fait la guerre. Ils ont créé une crise bien que la Senelec ait subi les contre coûts de la flambée du prix du pétrole au niveau mondial. Les gens ont vu que j’ai beaucoup réalisé et le Premier ministre avec qui je ne m’entends pas du tout m’a fait la guerre. Ils cherchent à politiser la Senelec et je me devais de protéger la société contre les prédateurs. Même les gens de la Cellule initiatives et stratégie (une structure du Parti démocratique sénégalais présidée par Macky Sall) se sont ligués contre moi.» Ainsi, par ses révélations, Samuel Sarr laissait entendre, la volonté de Macky Sall de placer un de ses hommes issus de la Cis à la tête de la société nationale d’électricité.
On se demande aujourd’hui, comment Samuel Sarr, principal pourfendeur de Macky Sall sous le régime libéral a pu changer de fusil d’épaule au point de le défendre, même quand il transgresse la Constitution et menace l’intérêt général. Pur opportunisme, et absence d’un sens élevé de l’Etat? On finirait par le croire. Quoiqu’il en soit, les démocrates de ce pays, ceux qui sont debout pour faire face à toutes les velléités de porter atteinte à la crédibilité de la République se dresseront face aux aventuriers, comme ils l’avaient fait en 2012. Nous y avons tous intérêt, car quand la République est solide, l’Etat est présent, nous sommes tous en sécurité alors. Mais quand les lois, les attributs de la République sont affaiblis, nous sommes tous faibles.
Alioune Badara COULIBALY
Journaliste