La décrispation du climat politique est dans sa phase concrète. Hier une centaine de prisonniers élargis des prisons de Rebeuss, de Sébikotane et de Cap Manuel a apporté nouveau vent de changement. Dans cet entretien, Seydi Gassama, d’Amnesty international Sénégal revient sur cette vague de libération de prisonniers mais également la décision du Conseil constitutionnel annulant le décret du président Macky Sall.
Quelles sont vos réactions par rapport à cette vague de libération de prisonniers ?
Nous avons tout le temps appelé à ces libérations. La plupart des prisonniers libérés hier avaient fait au moins une fois de demande de libération provisoire. Qui était rejetée ou bien en attente. Donc ce sont ces personnes qui ont été élargies hier. Il y a d’autres qui sont toujours en prison, des centaines y compris Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Nous estimons que ce sont toutes les personnes arrêtées pour des motifs politiques, même si l’Etat avait refusé de les considérer comme des prisonniers politiques, qui doivent être libérées. Si vraiment, on veut que la décrispation puisse régner dans ce pays. Evidemment qu’on entame une réconciliation nationale que le prochain président devra achever. Nous sommes en train de voir si ces libérations vont continuer, aujourd’hui et dans les jours à venir. Et si Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye seront libérés. Et nous demandons nous exigeons même qu’ils soient libérés. Parce qu’encore une fois, nous l’avons tout le temps dit ils sont aujourd’hui en prison. Du fait que le président Macky Sall voulait les écarter du jeu électoral.
Pensez-vous que ces libérations participent à décrisper les tensions politiques ?
Clairement. Ne serai-ce que pour le bien des familles. Ces dernières depuis un ou deux ans sont dans une situation d’angoisse, de stress et de souffrances énormes. On a détenu des mères de famille comme Amy Dia, des pères de famille, des soutiens de famille etc. Donc le seul fait que toutes ces personnes retournent chez eux va contribuer à apaiser la société. Maintenant pour que le climat politique soit apaisé il faut que les principaux responsables politiques de l’opposition, à savoir Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye soient libérés. Et que Bassirou Diomaye Faye soit libre de faire sa campagne électorale et qu’Ousmane Sonko soit libre et qu’il retourne auprès de sa famille.
Au-delà des personnes libérées à Dakar avez-vous écho d’autres libérations à l’intérieur du pays
Nous ne sommes pas encore au courant d’autres personnes libérées à l’intérieur du pays. C’est pour cela que nous demandons que ces libérations puissent concerner les autres prisons du Sénégal. Nous savons qu’à Ziguinchor, il y a énormément de prisonniers, y compris des mineurs. Certains ont même passé et réussi leur Brevet en prison. Jusqu’ici le procureur s’est opposé à leur libération. Donc toutes ces personnes doivent être libérées immédiatement.
Et quelle observation faites-vous de la décision du Conseil constitutionnel ?
Je pense que le Conseil constitutionnel a vraiment sauvé l’Etat de droit au Sénégal. Il a mis fin au putsch que le PDS et l’APR voulaient opérer dans le pays. C’était vraiment un putsch que les deux partis voulaient perpétrer. Encore une fois, il y avait aucune crise institutionnelle dans ce pays. La crise a été créée de manière artificielle par Macky Sall pour pouvoir prolonger son mandat et permettre à Karim Wade qui a été éliminé sur la base de critères objectifs de revenir dans le jeu électoral. Nous saluons cette décision des juges constitutionnels.
Quelle suite doit-on donner à cette décision ?
Maintenant, il faut organiser des élections le plus vite possible. Cela signifie qu’il faut les organiser avant la fin du mandat de Macky Sall. Si ce n’est organiser à la fin de son mandat, ce n’est pas Macky Sall qui va les organiser. Ces élections doivent être organisées parce que le 02 avril, c’est fini pour Macky Sall. Le 02 avril Macky ne peut plus occuper le palais de la République. Il doit partir. Donc s’il veut organiser les élections avant son départ, il doit le faire avant le 02 avril.
Babou Diallo