Détenus politique : « l’État dispose de moyens suffisants pour libérer les détenus sans utiliser les lois d’amnistie » Seydi Gassama

par pierre Dieme

Des anciens détenus politiques au Sénégal ont organisé une conférence de presse ce jeudi pour partager leurs expériences, discuter des conditions dans les prisons sénégalaises et dénoncer les détentions arbitraires et préventives qui touchent les jeunes. Seydi Gassama, intervenant lors de la rencontre, a souligné que de nombreuses personnes en prison ne sont pas uniquement des militants politiques, mais comprennent également des individus actifs dans des domaines tels que la culture et l’économie. Il a déploré l’utilisation de la justice pour faire taire toute critique et les pratiques du gouvernement dans le pays.

« Tous les gens qui sont en prison ne sont pas forcément des activistes politiques, nous avons parmi eux des gens qui s’activent dans des domaines telle que la culture, l’économie et dans divers, dans diverses professions et qui se sont indignés par la situation qui prévaut dans le pays. La justice est utilisée pour réduire au silence tout ceux qui le critiquent. L’État du Sénégal fait en sorte de ne jamais faire face à un adversaire, tous ces arrestations qu’on a observé sont dus à sa volonté de ne jamais affronter un candidat important pendant une élection. Ce qui a plongé le pays dans ces situations », a déploré M. Gassama.

Pour ce dernier, la traque des déclarations sur les réseaux sociaux, ainsi que la répression des manifestations, entraînent une surpopulation carcérale. Ce, qui fait que les familles des détenus endurent des souffrances incommensurables lors des visites, avec des conditions difficiles qui persistent. « En traquant les déclarations dans les réseaux sociaux, en traquant les posts sur Facebook les prisons sont remplis davantage. Il faut les ouvrir et laisser les jeunes sortir. Les souffrances des parents des détenus sont incommensurables. Lorsque vous allez à Rebeuss, vous allez voir des mamans des épouses, des enfants de 2 ou 3 ans qui sont là depuis 05h00 du matin pour pouvoir voir le papa, le mari ou le fils, ils sont là de 5 h du matin jusqu’à 13 h sous le chaud soleil. »

Face à cette situation, Seydi Gassama a appelé à mettre fin à ces souffrances, plaidant pour la libération des détenus. « Cette souffrance doit cesser. Il faut qu’on laisse les gens quitter ces prisons il y a des familles aujourd’hui qui sont disloquées. De notre côté nous essayons d’aider les familles des victimes en faisant en sorte qu’il y ait des avocats qui puissent faire le suivi, parce que les avocats volontaires que toute la presse connaît, ils sont débordés, totalement débordés par la situation. En plus de cela s’ajoute le arrestations des dernières événements », a assené M. Gassama.

Pour désengorger les prisons du Sénégal, ce dernier a affirmé qu’ils ont fait une soumission aux Nations Unis pour que les détenus politiques soient libérés. « Nous avons envoyé ces informations pour qu’ils puissent collecter et utiliser tous les moyens de pression dont ils disposent pour que l’État du Sénégal puisse élargir tous ces prisonniers. Le but, c’est de les libérer avant les élections. Nous espérons que ce travail va continuer. Comme nous l’avons dit, l’État dispose de suffisamment de voies et moyens pour libérer les détenus, sans pouvoir passer par les lois d’amnistie qui, elle, va passer par perte de tous les crimes qui ont été commis à partir de mars 2021 ou plus de 60 jeunes Sénégalais ont été tués. C’est inacceptable ».

Il a insisté sur le fait que l’État dispose de moyens suffisants pour libérer les détenus sans utiliser les lois d’amnistie. « Il y a les moyens que la justice sénégalaise dispose aujourd’hui pour libérer ces jeunes s’ils veulent. Le problème c’est Dakar. On prend un garçon de 16 ans ou 18 ans vous le condamnez, au moins 6 mois. À Ziguinchor un jeune est en prison depuis plus d’un an. il a passé son BFEM en cellule et il l’a réussi. On a demandé la liberté provisoire sans succès. Beaucoup de jeunes de son âge son en détention. Les différents procureurs et les Tgi sont dans une optique de punir les manifestants. Le rôle de la justice ce n’est pas de punir quelqu’un pour l’activisme. Si quelqu’un a commis un délit, on doit le condamner, mais on doit pas le punir simplement parce qu’il exerce des droits qui sont garantis par la Constitution. La souffrance des familles est inouïe.  », a sanctionné Seydi Gassama.

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