Le journal français pointe une volonté de manipulation électorale, un mépris des institutions et un risque d’embrasement. Pour la publication, Macky Sall joue un jeu dangereux qui menace la stabilité du « phare de la démocratie » en Afrique de l’Ouest
Dans un éditorial publié le 5 février 2024, le quotidien Le Monde s’alarme du « jeu dangereux » mené par le président sénégalais Macky Sall. En effet, ce dernier a annoncé samedi « de façon surprise » le report sine die de l’élection présidentielle prévue le 25 février, rompant avec « la longue histoire démocratique » du pays.
Selon le journal, « depuis son indépendance en 1960, l’armée n’a jamais menacé le pouvoir » au Sénégal et « une véritable liberté d’expression y nourrit un débat politique dynamique ». Ainsi, « depuis 1963, les scrutins présidentiels ont toujours eu lieu à la date prévue ».
Or, note Le Monde, Macky Sall « s’était déjà signalé par un comportement alarmant » lorsqu’il avait laissé planer le doute sur sa volonté de briguer un troisième mandat, ce qui est interdit par la Constitution. Finalement, il y avait renoncé en juillet dernier après des « émeutes réprimées dans le sang » en juin.
Pour le journal, « tout se passe comme si le président voulait favoriser la candidature, rejetée par le Conseil constitutionnel, de Karim Wade ». En prenant « prétexte de la mise en cause à l’Assemblée nationale, par des élus proches de M. Wade, de l’intégrité des juges constitutionnels », Macky Sall « risque en réalité de mettre le feu aux poudres » alors que le pays a « les nerfs à vif ».
Le Monde s’inquiète du « signal » donné et de l’atteinte portée à « la séparation des pouvoirs ». Car « que le phare de la démocratie dans la région donne pareil signal ne peut qu’inquiéter sur la pérennité du « modèle sénégalais » ».
Brice Folarinwa de SenePlus