« Seul est éternel le pouvoir absolu d’Allah, le Bon Dieu, Tout-Puissant, Créateur de l’univers et Maitre de nos destins fragiles d’êtres ignorants, impuissants et insignifiants. »
Monsieur le Président de la République, j’aurais vraiment souhaité vous voir joyeux, heureux et radieux pendant ces derniers moments, ces ultimes instants d’un magistère qui aura profondément marqué la vie de vos compatriotes. Au lieu de cela, vous faites montre d’une humeur atrabilaire, ombrageux et dysphorique qui apparait, de manière évidente, aussi bien dans vos propos que dans votre comportement. Vous semblez reprocher à vos compatriotes une absence d’élan de sympathie et un manque d’enthousiasme à votre endroit, surtout, à quelques semaines d’une séparation inéluctable qui consacrera le terme de vos deux mandats successifs.
Monsieur le Président de la République, élu de manière remarquable, à la limite du plébiscite, en 2012, vous avez gouverné notre si beau et charmant pays pendant douze bonnes années, donc, suffisamment, pour tisser avec votre peuple des liens forts. Malheureusement votre style de gouvernance ainsi que votre conception jacobine et très autocratique du pouvoir vous ont éloigné de votre peuple et vous ont empêché de communier de manière fusionnelle avec des populations prêtes à tout vous concéder pour l’avènement d’une nouvelle ère de démocratie, de justice et d’équité sociale.
Monsieur le Président de la République, vous aviez promis de restaurer l’état de droit, de valoriser les principes républicains et de promouvoir les valeurs sociétales. Malheureusement, vous avez pris le contrepied de tous ces nobles engagements qui se sont révélés de la poudre de Perlimpinpin. De tous les Présidents de la république, vous avez produit le pire bilan immatériel et axiologique. Nous y reviendrons ultérieurement et plus en détails dans un ouvrage à paraitre sous peu, tout comme il y sera évoqué les autres aspects de votre magistère ayant trait à la gouvernance politique, économique et sociale.
Monsieur le Président de la République, pour cette fois-ci, j’ai fait le pari de ne pas être long; il s’agit d’une lettre d’adieu dont j’aurais voulu que le ton et la tonalité fussent plus joyeux et enthousiasme. Malheureusement, vous ne m’en avez pas du tout donné l’occasion; et prenant, en cela, tous les Sénégalais à témoin, vous vous êtes montré un Président de la République, suffisant, condescendant et très éloigné de son peuple. Vous avez donné l’image, unanimement admise, d’un personnage grognon et bougon peu ouvert au dialogue et peu poreux à la critique et à la contestation, se prenant pour un démiurge. Hélas, vous vous êtes entouré d’hommes de corde et sacs, d’écornifleurs et de sbires qui, au lieu de vous dire la vérité et de vous rappeler votre essence humaine, se sont évertués, à qui mieux mieux, à vous faire croire que vous êtes sorti des cuisses de Jupiter et qu’assis à califourchon sur Sirius, vous pouviez tout vous permettre et ignorer la légitimité de la plèbe.
Monsieur le Président de la République, sans avoir son accord, je m’autorise, en espérant qu’il comprendra mon impertinence, à terminer cette lettre d’adieu en reprenant les propos du pertinent et brillant Khalil Gueye qui, dans un récent report, disait ceci « Élire un Président de la République est le choix le plus populaire et le plus sérieux. Choisir notre Président de la République ne doit pas dépendre de la somme d’argent amassée, quelquefois de manière illicite.
Le Président de la République doit être instruit et bien instruit; il doit avoir un niveau respectable d’instruction, car il doit discuter avec les Grands de ce monde. Il doit avoir une vision forte pour notre pays, vision basée sur un programme de société riche, innovateur et inclusif. Le Président doit s’attacher à comprendre les joies et les peines de son peuple; il ne doit point diffuser ses colères et ses états d’âme à la télévision et faire peur au peuple qu’il est censé défendre et protéger. Il doit avoir un sens élevé de la responsabilité historique. »
Monsieur le Président de la République, ces mots forts de Khalil Gueye, ce digne fils de Saint-Louis emporte totalement et entièrement mon adhésion. Je crains fort que nous ne soyez rapidement oublié par la majorité des Sénégalais dont certains, j’en suis convaincu, s’attèleront, le plus tôt possible, à vous effacer de leur mémoire et de vous déloger de leur cœur. Et je doute fort que vous puissiez être cité en référence dans les chansons populaires qui magnifieront des valeureux fils du pays qui auront marqué, de par leur bravoure, leurs sacrifices et leur indéfectible amour pour la patrie, notre mémoire collective. Ce n’est qu’un avis, d’autres pourraient voir en vous « un génie politique ».
Qu’Allah vous Couvre de Sa Grace éternelle pour la suite.
Dakar le 28 janvier 2023. Boubacar SADIO
Commissaire divisionnaire de police
De classe exceptionnelle à la retraite