Kàccoor Bi ne voudrait paraitre ni grincheux, ni bête, ni méchant. Le foot, ce n’est pas son violon d’Ingres, ni son point fort. Même si, tout jeune, il manœuvrait avec virtuosité le ballon. Ceux qui ignorent ce côté « footeux » aiment se gausser du vilain et gringalet billettiste, l’interpellant avec perfidie et lui demandant s’il jouait avec un ballon de tennis. Tant pis s’ils ne croient pas à cette
belle époque ou Kaccoor Bi avait le talent d’un Messi. Ne riez pas !
Toujours est-il qu’il ne s’intéresse plus à ce sport. Et même lorsqu’il était forcé d’aller au stade avec les potes, ses yeux et son esprit s’égaraient vers des choses beaucoup plus sérieuses que de suivre 22 gaillards, surveillés par trois adultes, qui couraient dans tous les sens à poursuivre un ballon. Les yeux fixés sur des volumes et courbes, un autre match se jouait sur ses rétines fureteuses au niveau des tribunes. Vous comprenez alors son détachement pour cette Can qui se joue actuellement en Eburnie.
Cette indifférence s’est renforcée avec la situation dans laquelle se trouve ce charmant pays où l’on semble sérieusement marcher sur la tête. Jamais sans doute dans l’histoire politique du Sénégal, l’organisation d’une élection présidentielle ne s’était trouvée aussi chahutée et compromise que celle du scrutin de février prochain.
Un candidat bien choyé, revendiquant plus de trois millions de parrains, qui se retrouve à chercher à éliminer par des moyens non
conventionnels des adversaires qui pourraient le mettre groggy. Ajoutez à cette situation politique ubuesque, la grande détresse des ménages avec le gaz butane devenu à ce point introuvable que beaucoup de foyers sont retournés au charbon de bois alors pourtant qu’on est allé acheter des Bus Transit Rapid pour réduire la pollution et qu’on nous parle d’effet de serre et autres changements climatiques.
C’est également dans ce pays que, depuis plus de six mois, la plus grande université de l’Afrique occidentale, qui a formé des milliers de cadres et leaders, est fermée et les études de quelque 100 000 apprenants hypothéquées pour des raisons politiques. Une affaire qui ne semble intéresser personne. Même les syndicats de l’enseignement, d’habitude si prompts à monter au front, se font moins entendre sur ce sujet.
Plutôt que pour le fichier électoral, le plus grand « match » des leaders politiques devrait justement consister à se battre pour la réouverture de l’université avec le retour des étudiants dans le campus de l’Ucad. Si on a pu dégager un budget de guerre pour
la conservation du titre continental, on peut bien réussir le pari de l’ouverture du campus et des enseignements en présentiel. Le seul « match » qui vaille…
Par KACCOR, Le Témoin