Désigné comme successeur de Macky Sall, le Premier ministre semble peiner à s’imposer comme figure de proue de la majorité, au point de susciter l’ire de certains alliés contraints à la dissidence. Ses soutiens s’alarment d’une campagne qui ne décolle pas.
Investi par le parti au pouvoir pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, le Premier ministre sénégalais Amadou Ba doit faire face aux candidatures dissidentes d’autres cadres de la majorité, révèlent des informations publiées dans Le Monde le 29 décembre 2023.
Devant une assistance acquise à sa cause réunie au King Fahd Palace de Dakar, hôtel de luxe de la capitale, Amadou Ba a promis lors de son investiture le 21 décembre dernier de « marquer le Sénégal comme le président de l’emploi » et de faire du pays « une société de plus d’équité sociale et de prospérité partagée », selon le quotidien français.
Cependant, « sa campagne ne prend pas » et risque de se solder par « un désastre », prédisent en privé des cadres de la majorité. L’inquiétude est telle que certains n’hésitent plus à le dire publiquement, à l’image du ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang qui « assume » d’avoir jugé dans Le Monde qu' »il ne passe même pas au premier tour » sur la base « d’études ».
Ce faisant, le candidat du camp présidentiel se retrouve confronté à de sérieuses dissidences. L’ancien ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye et l’ex-Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne se sont lancés dans la course à la présidence, dénonçant selon Le Monde l' »illégitimité » d’Amadou Ba, encarté à l’Alliance pour la République (APR) seulement depuis 2017.
« Si les candidatures de son clan sont validées par le Conseil constitutionnel, Amadou Ba aura ses propres alliés contre lui », constate l’analyste politique Babacar Ndiaye, cité par le journal. Car derrière ces dissidents se cache un sentiment d' »aigreur de ne pas avoir été choisis » par le président Macky Sall pour porter les couleurs de la majorité.
Promoteur du Plan Sénégal Emergent, Amadou Ba compte sur les réalisations économiques et infrastructures de l’ère Macky Sall. Mais pour imprimer son style et différencier sa campagne de celle de son mentor, le grand commis de l’Etat a du pain sur la planche, alors que le retrait de Macky Sall rend inéluctable la perte d’influence de ce « chef d’Etat [qui] tenait son parti d’une main de fer ».
Brice Folarinwa de SenePlus