Le mandataire d’Ousmane Sonko fait des pieds et des mains pour entrer en possession de ses fiches de parrainages. Alors que la DGE avait refusé de les recevoir hier, c’est le tour de la CDC, de la DAF et du Ministère de l’intérieur, où ils sont passés, de se barricader pour ne pas recevoir Ayib Daffé, Me Ciré Clédor, et leur huissier de justice. Seul Abdoulaye Sylla, Président de la CENA, a bien voulu les accueillir et écouter leurs doléances.
Ayib Daffé court toujours derrière ses outils de collecte de parrainages. Si hier, il était à la direction générale des élections pour signifier au commissaire Tanor Thiendella Fall la décision du juge Ousmane Racine Thione, qui ordonne la réintégration d’Ousmane Sonko sur les listes électorales, ce mercredi, le mandataire du maire de Ziguinchor, accompagné de Me Ciré Clédor Ly et d’un huissier de justice, en l’occurrence Me Guillaume Sagna, était à la Caisse des dépôts et Consignations (CDC), puis à la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF) et enfin au Ministère de l’intérieur pour leur signifier respectivement l’ordonnance du juge de Dakar, rendue le 14 décembre dernier. A leur grande surprise, dans tous ces services, l’accès leur a été interdit. « J’ai été très surpris du dispositif impressionnant de policiers mis en place devant le Ministère de l’intérieur. Le gradé nous a reçus. Il a été très clair : nous ne sommes que des exécutants, dit-il, et nous ne pouvons pas ne pas obéir à ceux qui nous donnent des ordres. Nous sommes désolés de vous apprendre que nous avons reçu instruction de ne pas vous laisser entrer », rapporte Me Ciré Clédor Ly.
«Nous attendons à ce que la CENA joue pleinement son rôle que lui confèrent le Code électoral et la loi portant sa création»
Toutefois, il faut reconnaître que leur déplacement n’a pas été vain puisqu’ils ont été reçus par la Commission électorale nationale autonome (CENA). « J’ai été reçu par le Président de la CENA, M. Abdoulaye Sylla, pour lui signifier l’ordonnance du juge du tribunal hors classe de Dakar et lui dire que les Directeurs de la DGE, de la DAF et de la CDC ont refusé de nous recevoir. Nous attendons à ce que la CENA joue pleinement son rôle que lui confèrent le Code électoral et la loi portant sa création. Nous ne demandons que l’exécution d’une décision de justice comme le prévoit l’article L.47 alinéa 4 du Code électoral ; et qu’on rende à Ousmane Sonko ses droits pour que le peuple puisse exprimer librement son choix dans le cadre d’une élection libre, transparente, inclusive et démocratique », plaide Ayib Daffé.
Me Ciré Clédor Ly : « La CENA vient de donner une leçon de civisme à tous ceux qui sont à la tête de l’administration mais qui ne connaissent pas la loi et leur devoir »
Saluant ainsi ce qu’il appelle « comportement républicain de la CENA », Me Ciré Clédor Ly fait le procès de l’administration : « Nous constatons que l’administration ne fait pas son travail. Une administration publique a le devoir d’informer, de renseigner les citoyens ainsi que le devoir de répondre à toutes les correspondances. La CENA vient de donner une leçon de civisme à tous ceux qui sont à la tête de l’administration mais qui ne connaissent pas la loi et leur devoir. Je tiens à préciser que ceux qui n’ont pas un comportement républicain n’ont pas leur place dans une République. »
Ayib Daffé prévient : «Ousmane Sonko sera candidat malgré ce jeu de dilatoire et de cache-cache des autorités ministérielles et administratives qui ne veulent pas prendre leurs responsabilités et qui ne veulent pas se conformer à la légalité ; qui ne respectent ni la justice ni les décisions de justice »
Si c’est le Ministre de l’intérieur qui avait ordonné à la DAF de retirer Ousmane Sonko du fichier électoral, après sa condamnation par contumace pour corruption à la jeunesse, c’est le même Ministère qui doit demander à ses services compétents de le réintégrer dans les listes électorales après la décision du juge Thione. Chose qui n’a pas été faite. « Nous avons pris acte et nous déplorons cette attitude frileuse, qui manque d’élégance républicaine, de courtoisie administrative de la part de Me Sidiki Kaba qui, il faut le rappeler, est un ancien défenseur et promoteur des droits de l’homme. Nous pensions en venant ici (MINT) que normalement, il allait respecter les règles élémentaires des libertés fondamentales », déplore Ayib Daffé. Afin que nul n’en ignore, il signale : « Nous allons faire en sorte que Ousmane Sonko puisse déposer tout son dossier de candidature à date échue. Il sera candidat, malgré ces manigances, malgré ce jeu de dilatoire et de cache-cache des autorités ministérielles et administratives qui ne veulent pas prendre leurs responsabilités et qui ne veulent pas se conformer à la légalité. Qui ne respectent ni la justice ni les décisions de justice. Ce qui est de la forfaiture. »
Me Ly : « Le Conseil constitutionnel en tirera toutes les conséquences »
Après M. Daffé, Me Ciré Clédor de conclure : « Je suis convaincu que le Conseil constitutionnel en tirera toutes les conséquences. En tant qu’avocat, je tiens à préciser que nous savons où nous allons et ce que nous faisons. Au moment opportun, le Conseil constitutionnel aura tous les éléments pour dire et décider que Ousmane Sonko ira aux élections. »