Me Mame Adama Guèye sur le refus de la DGE d’exécuter les décisions de justice: « nous n’avons pas encore un État de droit »

par pierre Dieme

Me Mame Adama Gueye était ce dimanche l’invité de l’émission Jury du Dimanche sur iRadio. Le juriste s’est exprimé sur le refus de la Direction générale des élections (DGE) d’exécuter la décision du juge de Ziguinchor le 12 octobre dernier ordonnant la réintégration de Ousmane Sonko sur les listes électorales.

Laquelle décision a été d’ailleurs confirmée le 14 décembre par le juge du tribunal d’instance de Dakar. Me Mame Adama Gueye s’est voulu clair: le recours intenté par l’Etat n’est pas suspensif.

L’ancien candidat à la présidentielle dénonce les violations dans les décisions de justice et dans l’administration, et déduit que le Sénégal n’est pas un Etat de droit.

« Le Sénégal n’est pas un état de droit. En guise d’exemple, dans un État de droit, est-ce qu’une administration peut refuser d’appliquer une décision de justice, alors que le texte dit que c’est exécutoire ? Est-ce qu’on peut dire de manière absolue qu’on respecte la primauté de la loi ? Je suis désolée de le dire, nous n’avons pas encore un Etat de droit », a martelé l’avocat. 

Avant d’ajouter : «Si l’administration ne peut pas respecter la loi, comment peut-on l’exiger des citoyens ? C’est cela l’enjeu aussi. Nos administrations ont tendance à se mettre dans des postures d’allégeance. Or, l’allégeance on ne la doit qu’à la République et à la loi, pas à un pouvoir qui passe. On a une administration très politisée et les conditions de sélection et de nomination sont parasitées par ces considérations politiques qui font que ceux qui sont dans l’administration, pour se maintenir ou pour être promus, se mettent en posture d’allégeance ».

Me Mame Adama Gueye ne s’arrête pas là. Selon lui, « Si on avait d’autres conditions de nomination fondées sur des bases objectives, de compétence, de transparence, d’éthique, on en serait pas là. Et aussi l’enjeu de cette élection au-delà du changement du personnel politique, c’est que tant qu’on n’ira pas au fond, on changera peut-être de régime mais pas le pays. Et ce pays a besoin d’un changement profond sur ces registres ».

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