Mortalité des enfants au Sénégal : trois enfants sur 100 décèdent avant d’atteindre leur premier anniversaire

par pierre Dieme

L’Enquête démographique et de santé continue (EDS-Continue) de 2023 a livré ses résultats. Il est détaillé dans le rapport transmis à Actusen la mortalité des enfants, notamment l’estimation de la mortalité infantile et juvénile. De même que les maladies, à savoir la diarrhée, la pneumonie et le paludisme qui sont les principales maladies infantiles qui peuvent entraîner le décès des enfants de moins de cinq ans au Sénégal.

L’estimation de la mortalité infantile et juvénile est l’un des principaux objectifs de l’EDS-Continue 2023. Pour la période des 5 années avant l’enquête (période 2018– 2023), le risque de mortalité infantile est estimé à 31 décès pour 1 000 naissances vivantes ; c’est-à-dire qu’environ trois enfants sur 100 décèdent avant d’atteindre leur premier anniversaire. Quant aux composantes de la mortalité infantile, elles se situent à 23 ‰ pour la mortalité néonatale (avant d’atteindre un mois exact) et à 8 ‰ pour la mortalité post-néonatale (entre 1 mois exact et avant d’atteindre le premier anniversaire). Le risque de mortalité juvénile est estimé à 9 ‰. Globalement, le risque de mortalité infanto-juvénile, c’est-à-dire le risque de décès avant l’âge de cinq ans, est estimé à 40 ‰. Autrement dit, sur 1 000 naissances vivantes, 40 n’atteignent pas leur 5ème anniversaire.

Une tendance baissière du niveau de la mortalité des enfants

Toutefois, selon les chercheurs, on constate globalement une tendance à la baisse du niveau de la mortalité des enfants, quelle que soit la composante, entre 2005 et 2019. Même si entre 2019 et 2023, on ne note pas de changement important. Bref, si les informations sur les niveaux et les tendances de la mortalité infantile et juvénile sont pertinentes pour évaluer la situation socio-économique et démographique de la population d’un pays, elles constituent un indicateur important du niveau de développement socio-économique et de la qualité de vie d’un pays. Elles peuvent aussi permettre d’identifier les enfants qui courent des risques élevés de mortalité et de mettre en place des stratégies pour réduire ces risques, telles que la promotion de l’espacement des naissances et la promotion de la santé maternelle, néonatale et infantile.

La diarrhée, la pneumonie et le paludisme, un problème de santé publique

Selon le rapport de l’Enquête démographique et de santé continue (EDS-Continue) de 2023, la diarrhée, la pneumonie et le paludisme comptent parmi les principales maladies infantiles qui peuvent entraîner le décès des enfants de moins de cinq ans au Sénégal. La fièvre constitue l’un des symptômes du paludisme ou d’autres maladies. Ces maladies constituent toujours un problème de santé publique. Pour les enfants de moins de 5 ans ayant présenté des symptômes d’Infections respiratoires aiguës (IRA) au cours des 2 semaines qui ont précédé l’interview, un traitement ou des conseils ont été recherchés pour 59 % de ces enfants malades. Environ quatre enfants de moins de 5 ans sur dix (42 %) ayant eu de la fièvre au cours des 2 semaines qui ont précédé l’interview ont bénéficié de conseils ou d’un traitement. Les résultats indiquent que pour 44 % des enfants de moins de 5 ans ayant eu la diarrhée au cours des 2 semaines qui ont précédé l’interview, on a recherché des conseils ou un traitement. En outre, 29 % des enfants ayant eu de la fièvre ont reçu des SRO, 17 % du zinc, et 14 % ont reçu une association de SRO et de zinc. Environ un enfant ayant eu la diarrhée sur dix (10 %) a reçu des SRO, du zinc et a continué à être alimenté.

Couverture vaccinale, 6 % des enfants de 12–23 mois n’ont jamais reçu de vaccin

La vaccination universelle des enfants contre les maladies courantes évitables par la vaccination est essentielle pour réduire la morbidité et la mortalité infantile. Au Sénégal, les vaccins infantiles de routine comprennent le BCG (tuberculose) ; le vaccin polio oral (VPO) ou le vaccin de la polio inactivé (VPI) ; le pentavalent ou DTC-HepB-Hib (diphtérie, tétanos, coqueluche, hépatite B, et Haemophilus influenzae type b) ; le vaccin conjugué contre le pneumocoque (VCP) ; le vaccin contre le rotavirus (VR) ; le vaccin contenant la rougeole et le vaccin contre la fièvre jaune. D’ailleurs, 92 % des enfants de 12-23 mois ont reçu le BCG, 76 % ont reçu la dose de Polio 0 (à la naissance), 76 % ont été vaccinés contre la rougeole. Globalement, 64 % ont reçu toutes les 8 doses de vaccins de base. Seulement 47 % des enfants de 12–23 mois ont reçu tous les vaccins recommandés pour le groupe d’âges, c’est-à-dire en respectant le calendrier vaccinal national ; le pourcentage d’enfants de 24–35 mois ayant reçu tous les vaccins recommandés est de 43 %. Mais, à l’opposé, 6 % des enfants de 12–23 mois n’ont jamais reçu de vaccin.

Soins de santé reproductive : Le pourcentage de femmes ayant effectué quatre visites prénatales ou plus est plus faibles chez les femmes âgées de moins de 20 ans à la naissance de l’enfant que parmi les plus âgées (63 % contre 66 % et 70 %)

L’efficacité des soins prénatals en tant qu’intervention efficace pour identifier les problèmes qui peuvent se poser pendant une grossesse et qui peuvent l’affecter de manière négative est déterminée, en partie, par les composantes des soins prénatals dispensés par des prestataires de santé. Jusqu’en 2015, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommandait à chaque femme enceinte de faire au moins quatre visites prénatales et d’effectuer la première dans le premier trimestre de la grossesse, c’est-à-dire entre 8 et 16 semaines d’aménorrhée. Récemment, l’OMS a revu ses recommandations en la matière et selon les nouvelles directives, une femme devrait avoir au moins huit contacts avec un prestataire formé et le premier devrait avoir lieu avant la douzième semaine. Parmi les femmes de 15–49 ans ayant eu une naissance vivante et/ou un mort-né au cours des deux années précédant l’enquête, la quasi-totalité, 97 %, ont reçu des soins prénatals dispensés par du personnel qualifié. Plus des deux-tiers des femmes ont effectué au moins quatre visites prénatales (68 %).

Le pourcentage de femmes ayant effectué quatre visites prénatales ou plus est plus faibles chez les femmes âgées de moins de 20 ans à la naissance de l’enfant que parmi les plus âgées (63 % contre 66 % et 70 %). Parmi les femmes du milieu urbain, 72 % ont effectué quatre visites prénatales ou plus contre 66 % en milieu rural. Le pourcentage de femmes ayant effectué quatre visites prénatales ou plus varie de 50 % dans la région de Matam à 77 % dans celle de Kaolack. Le pourcentage de femmes ayant effectué quatre visites prénatales ou plus augmente avec le niveau d’instruction, passant de 63 % chez les femmes n’ayant aucun niveau d’instruction à 77 % chez celles ayant le niveau moyen/secondaire ou plus.

Soins à l’accouchement, le pourcentage de naissances dont l’accouchement a eu lieu dans un établissement de santé a nettement augmenté, passant de 63 % à 92 %

Parmi les naissances vivantes qui ont eu lieu au cours des deux années ayant précédé l’enquête, 94 % ont été assistés par un prestataire de santé qualifié et 92 % ont eu lieu dans un établissement de santé. D’ailleurs, entre 2005 et 2023, le pourcentage de naissances dont l’accouchement a eu lieu dans un établissement de santé a nettement augmenté, passant de 63 % à 92 %. Dans la même période, le pourcentage de naissances dont l’accouchement s’est déroulé avec l’assistance de personnel considéré comme étant qualifié a aussi augmenté, passant de 53 % à 94 %.

Soins postnatals, retenez qu’une grande proportion de décès maternels et néonatals survient au cours des premières 24 heures après l’accouchement

Selon le rapport, une grande proportion de décès maternels et néonatals survient au cours des premières 24 heures après l’accouchement. Les soins postnatals précoces sont importants pour la mère et le nourrisson pour traiter les complications de l’accouchement. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande que les femmes reçoivent des soins postnataux dans les 24 heures qui suivent l’accouchement. Parmi les femmes qui ont eu une naissance vivante dans les deux ans précédant l’enquête, 83 % ont eu des soins postnataux au cours des deux premiers jours après la naissance. La proportion de femmes ayant eu une naissance vivante au cours des deux dernières années précédant l’enquête et qui ont reçu des soins dans un délai de deux jours après l’accouchement est plus élevée en milieu urbain (88 %) qu’en milieu rural (80 %). La couverture en soins postnatals varie de 50 % dans la région de Matam à 94 % dans celle de Dakar.

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