Ce lundi 27 novembre, s’est ouvert à Dakar, le 9e Forum international de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique. Cet événement, s’étendant sur deux jours, réunit un ensemble de décideurs, d’experts, et de personnalités publiques et privées œuvrant pour la paix et la stabilité du continent africain. Des figures éminentes ont fait le déplacement pour cet événement majeur, parmi lesquelles les Présidents Akufo-Addo du Ghana, Mouhamed Ould Ghazouani de la Mauritanie, M. Tinubu du Nigeria et M. Oligui Nguema, Président de Transition de la République Gabonaise.
Dans son discours inaugural, le Président de la République, Macky Sall, a souligné les paradoxes de l’Afrique, une terre riche en ressources mais encore en retard sur le chemin du développement. « L’Afrique est grande et riche : plus de 30 millions de km2, dont plus de 60% des terres arables non exploitées du monde ; d’importantes ressources en eau et hydrocarbures ; 85 à 95% des réserves de métaux du groupe du chrome et du platine ; 85% des réserves de phosphates ; 40% des réserves d’or. Et la liste n’est pas exhaustive.
Assurément, l’Afrique est riche par son immense potentiel. Mais les règles et pratiques de l’échange inégal contribuent à l’appauvrir. C’est pourquoi nous réclamons une gouvernance politique, économique et financière mondiale plus juste et plus équitable », a-t-il détaillé.
Gouvernance et réformes
Ainsi, le Président Sall a plaidé pour « une gouvernance mondiale plus juste et équitable, appelant à des réformes essentielles telles que la révision des règles de l’OCDE sur l’accès au crédit et la lutte contre les pratiques fiscales anormales ». Il a également mis en avant l’engagement de l’Afrique dans la lutte contre le réchauffement climatique, soulignant que l’enjeu principal pour nos pays, c’est de pouvoir exploiter les ressources disponibles pour satisfaire leurs besoins d’industrialisation et d’accès universel à l’électricité dont plus de 600 millions d’africains sont encore privés.
« Les Partenariats pour une transition énergétique juste (JETP-Just Energy Transition Partnerships) pourraient offrir de bonnes perspectives de collaboration dans ce sens. Je rappelle que le Sénégal a signé son JETP en juin dernier. Au titre de cet Accord, notre objectif est de porter la part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique 31 à 40% d’ici 2030, en mobilisant, avec le soutien du groupe des partenaires, 2,5 milliards d’euros sur une période initiale de 3 à 5 ans, pour financer des projets éligibles au Partenariat. Pour nous, la coopération dans le cadre des JETP pourrait être une alternative crédible aux mesures unilatérales interdisant le financement à l’extérieur des sources d’énergies fossiles, y compris le gaz ».
Besoin de collaboration pour une Afrique meilleure
En plus de cela, il a appelé à une collaboration renforcée pour surmonter les défis sécuritaires, politiques et économiques, insistant sur le fait que « la démocratie et le progrès doivent s’affranchir des clivages partisans et des extrémismes ».
« Le thème de cette 9e édition nous rappelle aussi notre part de responsabilité dans les défis sécuritaires et l’instabilité institutionnelle qui agitent le continent. En plus de leur coût humain et matériel, les conflits armés plombent nos efforts sur la voie du développement économique et social. Il est donc temps de faire taire les armes et privilégier le dialogue pour le règlement de nos différends. C’est aussi par le dialogue que l’on surmonte les clivages partisans pour bâtir des coalitions nécessaires à la stabilité des institutions nationales », a déclaré le chef de l’État.
Poursuivant, il a ajouté « qu’il est aussi important de veiller à concilier l’exercice des libertés individuelles et collectives d’une part, et les impératifs d’ordre public d’autre part. La liberté sans responsabilité devient une menace pour la société. C’est dire que la démocratie, la stabilité institutionnelle et le développement économique et social ne peuvent s’accommoder de facteurs déstabilisants que sont le populisme, le radicalisme et les extrémismes de tous bords. J’ajoute, par ailleurs, qu’un régime démocratique, si ancien soit-il, reste toujours un idéal en construction. (…) L’Afrique des solutions est à notre portée. Si nos défis sont grands, plus grande doit être notre détermination à les relever.»
Cette 9ème édition du Forum de Dakar s’annonce comme une tribune majeure pour repenser l’Afrique, mobiliser ses ressources et envisager un avenir plus prometteur pour ce continent en pleine mutation.
En outre, il a appelé à la coopération et au dialogue pour résoudre les différends, mettant en garde contre les extrémismes, les clivages partisans et les pratiques déstabilisantes. Pour Macky Sall, la démocratie reste un idéal en construction et la coopération internationale est essentielle pour relever les défis sécuritaires, politiques et économiques du continent africain.
Ndeye Fatou Touré